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Les démons politiques de la Turquie

Mardi en milieu de journée, ils était pas moins de 26 députés, dont quatre ministres, à avoir démissionné de leur poste comme de leur parti, celui de la gauche démocratique (DSP). Lancés lundi, les départs en série n’ont cessé d’augmenter à mesure que le Premier ministre Bulent Ecevit tentait de colmater les brèches de sa coalition en remaniant son gouvernement. En vain. L’un des trois vice-Premiers ministres de la coalition, Mesut Yilmaz, lançait déjà un constat accablant : la Turquie est entrée dans «une phase de crise» politique. D’après lui, elle a été provoquée par la mauvaise santé de M. Ecevit et ses absences répétées depuis deux mois alors que le pays peine à sortir de la pire récession de son histoire.
Appelé à démissionner et à organiser des élections législatives anticipées à plusieurs reprises, le chef du gouvernement campait pourtant encore mardi sur ses positions. Il a même nommé trois nouveaux ministres pour remplacer les démissionnaires de lundi, selon la chaîne d’information NTV. Ce qui n’a pas empêché au même moment un quatrième ministre de quitter son poste et, comme les autres, le DSP de Bulent Ecevit. «Notre pays traverse une phase difficile. M. Ecevit n’a pas fait les pas nécessaires pour ouvrir la voie de la Turquie», a ainsi expliqué M. Gemici, jusque-là chargé des Affaires sociales. Il a alors rejoint le ministre de la Culture Talay et le responsable de la Fonction publique Onal, ceux-là même qui avaient démissionné lundi en signe de solidarité avec le vice-Premier ministre et bras droit du chef du gouvernement, Husamettin Ozkan. Ce premier départ n’avait d’ailleurs pas entraîné de réactions de M. Ecevit, toujours en convalescence dans sa résidence privée après de nombreux problèmes médicaux.
Une mauvaise santé fatale et donc une absence de la scène politique qui se sont avérées fatales pour le pays. Plusieurs divisions au sein de la coalition tripartite étaient peu à peu apparues concernant les réformes à mener en vue de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Avait alors suivi un important marasme des marchés financiers. Le 17 mai dernier, lorsque le Premier ministre avait été hospitalisé, la Bourse d’Istanbul avait par exemple enregistré une chute de 5,4 % en clôture. Et ce au moment où la Turquie applique un programme strict d’ajustement dicté par le Fonds monétaire international (FMI) pour sortir d’une grave crise économique. A cela s’était aussi ajoutée une montée en puissance des ultra-nationalistes du MHP, deuxième force de la coalition gouvernementale, et donc un blocage des réformes prévues. Le séisme politique que vit aujourd’hui la Turquie ne pouvait donc être qu’inévitable. Dès la fin mai, Bulent Ecevit avait été sollicité pour lancer des législatives avant la date prévue, en 2004. Sa maladie l’éloignait alors de tous les rendez-vous, de la réunion du Conseil national de sécurité portant sur les réformes au sommet des chefs de partis. A chacune de ses rares réapparitions publiques, Bulent Ecevit prenait soin d’exclure tout changement du calendrier électoral. Jusqu’au jour où, le 27juin, il a participé pour la première fois en deux mois à une réunion des députés de son parti. Après avoir déclaré que des «élections se profilaient à l’horizon», il était revenu sur ces propos, affirmant qu’il avait été «mal compris». Mais il était déjà trop tard.
Début juillet, les propositions fusaient de partout : il faut organiser des élections en septembre ou novembre afin de mettre un terme à la crise. Le 8 juillet, l’avalanche de démissions a commencé par le plus proche des collaborateurs du Premier ministre. L’issue semble désormais inéluctable.

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