Et il semble qu’il sera très difficile de restaurer la confiance entre les deux parties. Le gouvernement d’Iyad Allaoui estime que les habitants de la « cité des mosquées » devraient être reconnaissants aux Américains d’avoir débarrassé la ville des rebelles.
Mais les réfugiés de Falloujah, loin d’exprimer leur gratitude, parlent plutôt de laver l’affront dans le sang. « Je ressens de la haine », dit Ibrahim, un des quelque 200 habitants de la ville ayant trouvé refuge dans une école de Bagdad. « C’est ma ville et elle a été détruite », ajoute-t-il assis dans une pièce qu’il partage avec son épouse, ses sept enfants et une autre famille. « Les habitants de Falloujah sont vindicatifs », prévient-il. « S’ils n’obtiennent pas leur vengeance maintenant, ils l’auront l’an prochain ou dans cinquante ans. » Simple bravade ou menace réelle, il est trop tôt pour le dire. Mais il est probable que les soldats américains et les autorités irakiennes auront désormais du mal à obtenir le soutien des 300.000 habitants de la ville, qui pour la plupart ont fui les combats et n’ont pas encore pu rentrer chez eux.
Des responsables américains et irakiens ont cherché à convaincre les habitants de Falloujah que l’opération militaire qui a conduit à prendre la ville aux rebelles le mois dernier visait les « terroristes » et non ses habitants. Plus de 250.000 personnes auraient été déplacées par les combats, certains vivant dans de mauvaises conditions sanitaires, a reconnu le Premier ministre Allaoui la semaine dernière, qui a souligné que les autorités envoyaient de l’aide aux réfugiés.
Le ministère irakien de la Défense a estimé que les habitants pourraient rentrer chez eux d’ici la fin de l’année, une fois la ville débarrassée des explosifs et les services de base restaurés. Mais malgré leur désir de rentrer chez eux, certains réfugiés redoutent de découvrir une ville en ruines.