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Les justiciers US contre la CPI

C’est par un simple courrier adressé au secrétaire général de l’ONU que l’administration Bush a signifié lundi qu’elle renonçait à coopérer avec la nouvelle Cour pénale internationale née le 11 avril dernier. Kofi Annan est désormais officiellement averti : Washington se réserve le droit d’outrepasser les ordres, décrets et mesures de la future CPI. Cette instance, le premier tribunal international permanent du genre, a été créée en juin 1998 avec l’aval de plus d’une centaine de pays signataires du traité de Rome. Elle est officiellement née le 11 avril dernier après que le nombre de ratifications ait dépassé le seuil des 60 (66 ont été recensées). Installée l’an prochain à La Haye, la CPI sera chargée de poursuivre les personnes accusées de crimes de guerre, de génocide, et d’autres graves violations des droits de l’Homme.
«Le vieux rêve d’une cour criminelle internationale permanente va être réalisé. Un coup décisif vient d’être porté à l’impunité», avait déclaré M. Annan, il y a seulement un mois. Si le rêve est en effet devenu réalité, l’abandon du projet par les Etats-Unis constitue un revers amer. D’autant plus que Washington n’est pas le seul réfractaire, Moscou et Pékin, deux autres membres permanents du Conseil de sécurité, s’obstinant aux aussi à vouloir protéger leur souveraineté. Par ailleurs, si l’ex-chef de la Maison Blanche, Bill Clinton, avait signé le traité fondateur, le 31 décembre 2000, il avait à l’époque déjà fait savoir qu’il ne le soumettrait pas au Congrès américain pour ratification. Le constat est là : les Etats-Unis voulaient participer au projet pour y garder une influence, mais ils y ont toujours été hostiles. Washington craint surtout que ses ressortissants en activité à l’étranger ne fassent l’objet de poursuites, en particulier ses militaires. Il reproche aussi à la CPI de ne pas être responsable devant l’ONU, une instance que la Maison Blanche manie à son aise. Réagissant à la nouvelle, le Canada, grand défenseur de la CPI, s’est dit lundi «extrêmement déçu». Ottawa a toutefois estimé que le retrait américain ne portait pas un coup fatal à l’instance. Les Quinze ont également fait savoir qu’ils regrettaient.
Depuis Madrid, le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, a déclaré que «l’Union européenne est une organisation qui s’efforce de respecter les accords multilatéraux et nous aimerions vraiment voir les Etats-Unis se joindre à cet effort». Human Rights Watch a pour sa part parlé d’un «geste vain qui va encore éloigner Washington de ses plus proches alliés». «Cette action imprudente signale au monde que l’Amérique tourne le dos à des décennies d’avant-gardisme américain en matière de poursuite contre les criminels de guerre» ont aussi estimé 23 autres ONG, dont Amnesty International USA, dans un communiqué commun. Mary Robinson, haut commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, a enfin déclaré que Washington avait envoyé un «signal très dangereux».
Cette décision est «très regrettable et vraiment préoccupante», a-t-elle ajouté sur la radio britannique BBC. «On savait que les Etats-Unis n’étaient pas favorables à une ratification. C’est leur droit, mais prendre l’initiative de ne pas signer ou d’écarter ce qui a été signé est un signal très dangereux», a poursuivi la représentante, concluant que «c’est un nouvel exemple de rejet des lois internationales (…) plus symbolique qu’autre chose».

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