Les 9,2 millions de demandeurs d’asile dans le monde, sont toujours plus "décrits (…) comme des migrants illégaux, des terroristes potentiels et des criminels, ou, au mieux, comme des fraudeurs", souligne le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dans son dernier rapport présenté à Londres.
Accusé principal, selon Antonio Guterres, Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés : l’égoïsme des pays riches "et le nombre croissant de mesures restrictives adoptées pour limiter l’accès à l’asile".
"Le danger dans le contexte international actuel est par exemple que les Etats utilisent la question du terrorisme pour légitimer l’introduction de pratiques restrictives en matière d’asile, un processus qui a commencé bien avant les événements du 11 septembre 2001" aux Etats-Unis, affirme le rapport du HCR.
"Les réfugiés sont des victimes du terrorisme", a souligné mercredi Antonio Guterres, ancien premier ministre du Portugal, dénonçant "la confusion entre les problèmes du terrorisme et les réfugiés" lors d’une conférence de presse à Londres pour présenter ce rapport.
De même, le HCR stigmatise le recours au concept de pays tiers supposés "sûrs" vers lesquels les demandeurs d’asile peuvent être renvoyés sans pouvoir faire appel, les procédures d’interception en mer et la notion de "traitement extraterritorial", en vertu de laquelle certaines catégories de demandeurs d’asile sont envoyés dans des centres basés dans un autre pays en attendant que leur statut soit établi.
Mettant en cause cette tendance grandissante des pays riches à "délocaliser" le traitement des demandes d’asile dans des pays où ce traitement est fait "à bas prix", le HCR estime que cela revient pour le Nord à faire supporter "une part disproportionnée du fardeau par le Sud", avec 70% des réfugiés dans les pays en développement.
De même, le rapport critique sévèrement le phénomène de plus en plus répandu en Occident consistant à rendre floue la distinction entre immigrés économiques clandestins et réfugiés, provoquant une "lassitude de l’asile" dans certains pays, selon M. Guterres.
"Un phénomène alimenté par des politiques faisant appel aux sentiments xénophobes" des électeurs, selon le rapport.
Le nombre de réfugiés a certes considérablement baissé, passant de près de 18 millions en 1992 à 9,2 millions en 2004, son plus bas niveau depuis 25 ans, grâce notamment à une réduction relative du nombre de conflits armés et le retour de 4 millions d’Afghans dans leur pays.
Mais il y a un revers de la médaille, avec 5,7 millions de réfugiés figés dans cette situation depuis plus de cinq ans.
De même, le HCR souligne la partie cachée de l’iceberg : les 20 à 25 millions de "déplacés internes" sont contraints de fuir leurs domiciles, poussés par la guerre, la misère ou les catastrophes environnementales, mais ils restent hors des statistiques des réfugiés car ils n’ont pas franchi de frontières internationales.
Il s’agit là du "plus grand échec de l’action humanitaire", a estimé Antonio Guterres.