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Les suicidés de France Télécom interpellent la gouvernance de Sarkozy

Même si jusqu’à présent ni Nicolas Sarkozy ni François Fillon n’ont publiquement accordé une importance cruciale aux suicidés de France Télécom, proportionnelle à la gravité de la situation, il est à parier que cette entreprise et les évènements dramatiques qui communiquent pour elle dans les pages faits divers des journaux, doivent donner des insomnies à l’exécutif français. Tant la spirale des suicides de ses employés semblent difficile à enrayer. Un 24ème suicidé en 18 mois est venu garnir la longue liste funèbre de tous ceux qui ont préféré se donner la mort plutôt que de subir les nouvelles règles managériales de l’entreprise. L’homme est âge de 51 ans, marié, père de deux enfants et travaillait au sein d’un centre d’appel à Annecy. Avec sa voiture, il s’est jeté du haut d’un viaduc qui surplombe l’autoroute A41. Il avait laissé une «une lettre à l’attention de son épouse, dans laquelle il explique que c’est le climat au sein de son entreprise qui a rendu propice le passage à l’acte» pour reprendre l’expression des enquêteurs. Depuis quelques temps, France Télécom est entrée dans le langage politique commun comme l’entreprise où les salariés n’ont d’autres moyens d’exprimer leur désarroi que de se donner la mort de manière spectaculaire après avoir pris le soin de laisser une lettre testament à destination des familles, des collègues et surtout de la presse pour bien expliquer le sens de la démarche. Choc intense, déprime sévère et passage à l’acte suicidaire. Gros titres dans les journaux et spleen généralisé amplifié par la morosité économique ambiante. Le gouvernement, par le biais du ministre de Travail Xavier Darcos, a bien tenté de prendre les choses en main en convoquant de manière spectaculaire le P-DG de France Télécom, Didier Lombard, et en lui intimant l’ordre de changer son approche managériale. Et pour bien mesurer la marge de manœuvre laissée à la direction de France Télécom, il a fallu 24 cas de suicide tout aussi spectaculaires les uns que les autres pour annoncer qu’elle mettait fin «au niveau national au principe de mobilité des cadres systématique tous les trois ans». Didier Lombard se permet même le luxe d’une réflexion distanciée sur la question comme s’il n’avait pas prise directe sur les destinées de son entreprise : «Il y a du grain à moudre pour améliorer la méthode par laquelle nous obtenons nos objectifs. Ils n’est pas normal que l’humain ne soit pas passé en tête de nos préoccupations». Ce qui explique cette distance est le fait que Didier Lombard est le type même du patron d’une ancienne administration d’Etat à qui l’actionnariat, devenu à majorité privé, exige des résultats à travers une grande politique de restructuration et qui doit en assumer publiquement les conséquences les plus néfastes. Depuis le début de cette série de suicides, de nombreux appels à la démission ont été lancés en direction de Didier Lombard. Le dernier est en provenance d’Olivier Besancenot , le jeune chef du «Nouveau Parti anticapitaliste» (NPA) avec ce mot d’ordre qui se veut rassembleur : «Parce que la vie des salariés vaut plus que les profits des actionnaires, la direction de France Télécom doit démissionner!». En termes de contestations sociales de ses projet de reformes, Sarkozy avait certainement prévu des luttes acharnées des centrales syndicales, mais il n’a certainement pas envisagé que le mode de rejet peut se faire par le suicide, la plus ultime et la plus fatale expression de refus de subir et de changer. Aujourd’hui, cette triste pratique des suicides semble cantonnée au sein de France Télécom. Le grand risque, en même temps la grande hantise, pour le gouvernement et Sarkozy qui est en train de vivre un séquence sensible de renouvellement de confiance des Français est que cette «mode des suicides» ne contamine d’autres entreprises qui subissent de plein fouet les restructurations douloureuses qu’imposent l’impitoyable règle de la concurrence. Même les plus durs à cuire en politique ne peuvent supporter un autre «France Télécom» sans en payer le prix politique rubis sur ongle.

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