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Les USA, juges et bourreaux

Guantanamo, zone de non-droit. La base américaine située sur l’île cubaine accueille, on le sait, près de 680 prisonniers sans statut juridique, sans droit aux conditions les plus élémentaires de détention, ni défense. Présenté comme une solution provisoire à la série d’arrestations opérées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le camp X-Ray semble désormais s’inscrire dans la durée.
Au bout d’un an et demi de fonctionnement, Guantanamo rassemble d’ailleurs toujours un nombre impressionnant de «terroristes» présumés issus de 40 nationalités et qui n’ont été libérés qu’au compte-gouttes – une quarantaine tout au plus. Tous ceux qui croupissent depuis des mois dans des mini-cellules grillagées méritent-ils donc un sort si inhumain ? Washington compte bientôt mettre un terme à cette période transitoire en installant au sein même de la base, un tribunal, une prison permanente et… une salle d’exécution ! Autrement dit ces «combattants illégaux» – expression inventée pour l’occasion – qui n’ont été ni inculpés, ni poursuivis vont prochainement être jugés, condamnés et exécutés par les militaires américains eux-mêmes… Le système est simple : pas de jurés ni de droit de faire appel ! Une équipe du Pentagone est déjà en train de peaufiner les détails de cette justice expéditive qui aura pour procureur général un colonel de l’US Army et pour avocat de la défense, un colonel de l’US Air Force ! Le secrétariat américain à la Défense, avec Donald Rumsfeld à sa tête, a aussi établi une liste de 18 «crimes de guerre et de terrorisme» dans le cadre des futurs procès.
La nouvelle a déjà soulevé un tollé du côté des organismes de défense des droits de l’homme et du droit international… Les dirigeants de ce monde, peu enclins à critiquer les Etats-Unis sur leur façon de lutter contre le terrorisme ont, par contre, adopté le profil bas.
Depuis les attentats du 11 septembre, l’administration américaine s’est, de toute façon, placée au-dessus des lois, comme le démontre son refus d’adhérer à la Cour pénale internationale mise en place pour juger les hauts crimes. Elle s’est même placée hors-la-loi en détenant des individus – la plupart arrêtés lors de la campagne militaire en Afghanistan contre les Taliban et Al-Qaïda – sans leur reconnaître aucun statut, surtout pas celui de « prisonnier de guerre ». En toute violation de la Convention de Genève! Une entorse à laquelle s’ajoute la détention au moins trois mineurs âgés de 13 à 15 ans dans les geôles  du camp X-Ray !
Certains pays, notamment la France et la Grande-Bretagne, ont protesté contre les conditions d’incarcération de leurs ressortissants durant les premiers mois de fonctionnement de Guantanamo. La polémique n’est cependant pas allée très loin faute de réelle volonté politique. Au lieu d’user de leur protection diplomatique et de demander l’extradition de leurs nationaux, comme le prévoit la Convention de Genève, les membres de l’Union européenne ont même signé mercredi dernier un accord de renforcement de la lutte commune contre le terrorisme… avec Washington.

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