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L’escapade marocaine d’Eric Besson

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Lorsqu’en pleine tourmente politique, que majorité et opposition réclamaient à tue-tête sa démission ou du moins sa mise à l’écart, que la satire la plus excessive, comme la chronique politique la plus sérieuse se pinçaient le nez pour traiter son cas, Eric Besson ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale n’a pas trouvé d’autres astuces pour rebondir et tenter de regagner du crédit que d’autoriser les caméras «d’Envoyé spécial» sur France 2 à le filmer sur les lieux de son enfance et adolescence, au Maroc dans la banlieue de Rabat. Un moment intense de communication et de renaissance. Quelle belle illustration à donner à ses détracteurs que de se faire filmer en train de se faire palper d’affection et de nostalgie par des camarades d’internat émus et sur les visages desquels l’œuvre du temps a été aussi active qu’impitoyable. Cette visite fut un étrange éclairage, presque à contre-courant sur la personnalité d’Eric Besson, l’homme accusé d’avoir libéré la parole raciste et xénophobe en France avec son fameux débat sur l’identité nationale. Et si la visite qu’il effectue aujourd’hui jeudi au Maroc, d’abord à Tanger où il rencontre Mohamed Ameur, ministre chargé de la Communauté marocaine à l’étranger, ensuite à Rabat où il s’entretient avec Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, n’est pas à inscrire sur la même échelle symbolique, il n’en garde pas moins une importance particulière. La preuve est qu’elle intervient dans un contexte où le débat politique français est presque exclusivement monopolisé par le fait de savoir s’il est urgent de légiférer sur la burqa, doublé d’une autre interrogation tout aussi abrasive : comment procéder à la déchéance de la nationalité française d’un homme soupçonné de pratiquer la polygamie et de se livrer à une escroquerie de l’aide sociale ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, Eric Besson est apparu tout au long de cette polémique comme relativement prudent, proportionnellement sage par rapport au coup de sang qui avait saisi le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux dont la hantise est de se payer le jeune Franco-Algérien Liés Habbadj, devenu porte emblème de la polygamie en France. Même s’il a tenu à manifester sa solidarité avec la démarche du ministre de l’Intérieur, Eric Besson a tenté de démontrer tout au long de ce débat l’impossibilité de déchoir un citoyen de sa nationalité sous prétexte qu’il est soupçonné de polygamie. Rien dans les textes ne le prévoit. Sa solution est d’améliorer l’arsenal juridique pour le rendre plus réactif à ce genre de situation. Et voici comment parti d’un débat sur une loi interdisant la burqa, Eric Besson proposerait une autre loi qui l’autoriserait à déchoir de sa nationalité française un polygame. Même si le voyage d’Eric Besson au Maroc est placé sous le signe de la mobilité des jeunes, de l’immigration, de l’intégration et du développement solidaire, le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale de Nicolas Sarkozy aura à cœur d’expliquer à ses interlocuteurs marocains l’arrière-plan de la politique française, et les soubassements de ses choix un moment où par des faux pas, des cas extrêmement marginaux, toute une communauté franco-musulmane se sent stigmatisée par l’épaisse suspicion qu’on fait peser sur elle.

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