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L’Etat palestinien engrange les promesses de dons

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Les participants à la Conférence des donateurs, présidée par le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, se sont montrés plus généreux que prévu. Doutant de la réelle mobilisation de la communauté internationale en faveur de la création d’un Etat palestinien, le président de l’Autorité palestinienne Abou Mazen et son Premier ministre Salem Fayyed avaient prudemment estimé à 5, 6 milliards de dollars leurs besoins de financement pour les trois années à venir.
Les 90 Etats et organisations internationales réunis à Paris se sont finalement engagés à participer, à hauteur de 7, 4 milliards de dollars, au financement des institutions et des infrastructures du futur Etat palestinien ainsi qu’à la relance de l’activité économique, moribonde, à Gaza et en Cisjordanie.
Mahmoud Abbas et son Premier ministre voient leur position politique être confortée par ce succès même si Bernard Kouchner a préféré déclarer que «le grand vainqueur de cette réunion est le futur Etat de Palestine». La diplomatie française n’avait pas ménagé ses efforts en ce sens et, ouvrant les travaux de la Conférence, le président Nicolas Sarkozy s’était voulu persuasif : «Soyez à la hauteur de l’enjeu ! Soyez généreux ! Soyez audacieux ! Nous n’en pouvons plus de la guerre!». Un volontarisme relayé en coulisse par le nouveau dirigeant du Fonds monétaire international Dominique Strauss –Kahn très élogieux envers Salem Fayyed, un ancien haut fonctionnaire du FMI et de la Banque mondiale: «Son rapport m’a convaincu et a eu raison des réticences initiales que je pouvais avoir», a affirmé DSK.
Washington a annoncé une contribution pour 2 008 égale à 555 millions de dollars dont 155 millions au titre de l’aide budgétaire et l’Union européenne s’est engagée à hauteur de 650 millions de dollars, indépendamment des 300 millions versés et des 490 millions promis par la Grande-Bretagne. Alors qu’on la disait réservée et soucieuse de ne pas couper les ponts avec le Hamas, l’Arabie Saoudite a annoncé le versement de 500 millions de dollars pour 2 008.
Ce soutien financier de la communauté internationale à l’Autorité palestinienne se double d’un soutien politique. C’est ainsi que la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a souligné qu’un «engagement fort de la communauté internationale était le seul moyen d’éviter la faillite de l’Autorité palestinienne. La vitalité de l’Autorité palestinienne et le succès des Palestiniens sont dans l’intérêt de tous ceux qui veulent la paix, la sécurité et une solution à deux Etats pour le Proche-Orient». Un point de vue partagé par son homologue israélienne Tsippi Livni qui a lié le développement des territoires palestiniens à la sécurité d’Israël : «Pour parvenir à la paix, la sécurité d’Israël doit être un intérêt palestinien, juste comme un Etat palestinien est un intérêt israélien. Une paix véritable ne pourra jamais être atteinte si nous ne créons pas les conditions sur le terrain pour qu’elle puisse se développer. Le progrès économique et la sécurité des personnes doivent aller de pair».
Mahmoud Abbas s’est montré plus politique en dénonçant les projets de construction de 309 nouveaux logements à Har Homa, banlieue de Jérusalem-Est, des projets violant, a-t-il précisé, l’engagement pris par Ehoud Olmert de geler la colonisation dans les territoires jusqu’à la conclusion de l’accord final. Tout en se félicitant des résultats obtenus, Salem Fayyed a fermement réclamé la levée à la fois des barrages routiers en Cisjordanie et du blocus de Gaza.
C’est une manière pour lui de ménager son propre avenir politique. Le Premier ministre palestinien ne cache pas sa volonté de voir sa formation, La Troisième Voie, recueillir, lors des prochaines élections législatives palestiniennes, les voix des «déçus du Fatah et du Hamas, séduits par son image de Monsieur Propre de la classe politique palestinienne».
Selon certains analystes, ce serait pour l’aider dans cet objectif que «les pays occidentaux auraient accepté de débourser plusieurs centaines de millions de dollars». Reste qu’il faut se féliciter de ce que la communauté internationale ait enfin pris conscience de la nécessité de contribuer, par des gestes concrets et non plus par des paroles, à la création rapide d’un Etat palestinien aux côtés de celui d’Israël.
 

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