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Libye : La France renonce aux parachutages d’armes aux rebelles

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La France a mis fin à ses parachutages d’armes aux rebelles libyens, qui ont suscité des divisions dans la coalition contre Mouammar Kadhafi, même si elle juge aujourd’hui que «l’impatience» des insurgés à fondre sur Tripoli se heurte à un «principe de réalité». En Libye «émerge une organisation politique distincte de celle de Tripoli», a relevé, mardi, devant quelques journalistes le ministre français de la Défense, Gérard Longuet. «C’est la raison pour laquelle les parachutages ne sont plus nécessaires -ils l’ont été il y a plusieurs semaines de cela- parce que des territoires organisent leur autonomie», leur permettant désormais de s’approvisionner auprès de parties tierces, a-t-il ajouté. «Cette autonomie leur permet d’établir des relations avec des partenaires extérieurs, y compris lorsqu’il s’agit de s’équiper en auto-défense. Mais cela, ce n’est pas l’affaire de la coalition et ce n’est pas l’affaire de la résolution 1973», a précisé le ministre de la Défense. Paris avait reconnu fin juin avoir livré des armes individuelles, «fusils-mitrailleurs, lance-roquettes», aux rebelles libyens. Cette décision a suscité les réserves de pays alliés de la France, comme la Grande-Bretagne, et une vive opposition de la Russie pour qui les résolutions de l’ONU sur la Libye sont «interprétées n’importe comment».
Le ministre français a aussi laissé entrevoir des doutes sur la capacité de la rébellion à mener une grande offensive sur Tripoli, fief de Mouammar Kadhafi. Du côté des rebelles, «nous ne sommes pas aujourd’hui dans un système stabilisé, centralisé, obéissant dans toutes ses implications sur le terrain à une autorité unique», a-t-il relevé. «Il y a une impatience du CNT (Conseil national de transition) mais cette impatience doit être confrontée à un principe de réalité», a jugé Gérard Longuet.
Le ministre a précisé que les parachutages d’armes dans la région montagneuse du Djebel Nefusa au sud de Tripoli avaient répondu à une «demande formelle» du CNT pour des civils qu’il était impossible d’approvisionner autrement. Ils ont été le fait d’une «décision française du chef de l’Etat et chef des armées», Nicolas Sarkozy, à laquelle ont été associés le Premier ministre François Fillon et les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, a-t-il ajouté. Si les parachutages d’armes ne sont plus utiles, l’emploi d’hélicoptères de combat, mis en œuvre par la France et la Grande-Bretagne, reste nécessaire selon lui pour empêcher les troupes de Mouammar Kadhafi de s’en prendre aux populations civiles. Gérard Longuet s’est enfin gardé de tout pronostic sur une fin du conflit. Interrogé sur la probabilité que celui-ci s’achève avant le 12 juillet, date d’un débat assorti d’un vote prévu au Parlement français sur l’utilisation de moyens militaires contre Kadhafi, il a répondu par la négative. «Le colonel Kadhafi, dans son action et son comportement, n’a pas renoncé à la force pour affirmer son autorité. Donc nous sommes obligés de maintenir notre protection des populations», a-t-il dit. «Nous n’avons plus en face de nous d’unités constituées, de colonnes de blindés ou de positions d’artillerie en place, c’est que nous voulions», s’est-il félicité. La campagne libyenne coûte à la France environ «un million d’euros par jour», soit un surcoût sur «100 jours de 104 millions», dépensés dans l’emploi de munitions pour les trois quarts, le dernier quart étant lié à des coûts salariaux, a aussi affirmé le ministre. Gérard Longuet a enfin estimé que toutes les tentatives de médiation, d’où qu’elles viennent, étaient «les bienvenues». «Si les diplomates m’apportent des solutions, je serai le plus heureux des hommes car la vie de nos hommes et (leur) matériel sera préservé», comme «la vie des combattants de Kadhafi (qui) mérite le respect». «On n’a pas envie d’en tuer pour le plaisir».

  Philippe Rater (AFP)

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