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Libye : Les rebelles mal préparés à gouverner

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Les rebelles libyens sont mal préparés à gouverner la Libye en cas de chute du régime de Mouammar Kadhafi qui a placé le pays sous sa coupe réglée pendant 42 ans, estiment des experts. Depuis qu’il a pris le pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en 1969, le colonel Kadhafi a monopolisé la vie politique, économique et culturelle de la Libye. Quatre sur cinq Libyens n’ont pas connu leur pays sans Mouammar Kadhafi, qui n’a cessé de cultiver son culte de la personnalité. Mais avec les frappes aériennes d’une coalition internationale lancées le 19 mars et la lente avancée des forces rebelles vers Tripoli, la fin du règne du colonel semble être à portée de main. Après le chaos de l’après-Saddam en Irak et l’après-Taliban en Afghanistan, de nombreux diplomates et observateurs s’interrogent anxieusement sur ce qu’adviendra de la Libye après Mouammar Kadhafi. En cas de chute prochaine du colonel, ils peinent à croire que le Conseil national de transition (CNT), organe politique des rebelles, soit bien préparé pour gouverner, en dépit de quatre mois de progrès notables. «Ils font des progrès», remarque un diplomate européen s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, «mais il leur reste beaucoup à faire, ils manquent réellement de capacités et des ressources nécessaires».
Les défis qu’affronte le CNT sont évidents dans le fonctionnement quotidien: les équipes de sécurité constituées de volontaires arrivent tard pour s’occuper de la sécurité des dignitaires étrangers à leur arrivée, les déclarations des membres du Conseil sont souvent contradictoires. Mais aussi, la chaîne de commandement reste opaque et des divisions entre des anciens membres du régime et l’opposition -qui excluent tout dialogue avec le dirigeant libyen- sont apparues au grand jour. «Ce sont des amateurs, une bande d’avocats et d’ambitieux», estime Mansour El-Kikhia, un politologue libyen résidant actuellement aux Etats-Unis. «Je ne pense pas qu’ils soient capables de gouverner aujourd’hui». Outre le manque d’expérience, le CNT hériterait d’une situation beaucoup moins enviable que celle de l’Irak sous Saddam Hussein. Même si le colonel Kadhafi n’a cessé de promouvoir son «Livre vert», les comités révolutionnaires et autres organes d’une démocratie participative, selon l’historien Dirk Vandewalle, il a très peu fait pour créer des institutions qui fonctionnent. Les véritables instruments de l’Etat de Mouammar Kadhafi sont non officiels et comprennent la violence de la police secrète à l’encontre des opposants et les pétrodollars distribués à ceux qui le soutiennent.
Jusque-là, la haine éprouvée envers le colonel Kadhafi doublée de l’esprit révolutionnaire ont permis au CNT de rassembler sous sa direction une société disparate, sans avoir à payer ni à recourir à une police secrète. Alors que la guerre entame son cinquième mois, les habitants de l’est du pays restent résolus et unis, même si les coupures de courant et les perturbations de la vie quotidienne commencent à les irriter. Mais une chute rapide de Mouammar Kadhafi, ou une guerre prolongée, pourraient faire éclater les nombreuses divisions -refoulées pendant un demi-siècle- au grand jour.
Le tribalisme et les tensions entre religieux et laïcs, déjà évidents dans l’est tenu par les rebelles, sont, selon M. Kikhia, encore plus prononcés dans la région occidentale de Tripolitaine. Depuis son siège à Benghazi, le Conseil national de transition semble très conscient des risques. Il a déjà élaboré une feuille de route pour la démocratie qui, dans les deux jours suivant une chute du colonel Kadhafi ou d’un cessez-le-feu, permettrait la mise en place d’un gouvernement intérimaire qui serait composé de membres des forces armées, de la Sécurité et du régime qui n’ont pas du sang sur les mains – afin de prévenir l’anarchie.

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