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Lionel Jospin fait sa rentrée par l’Elysée

© D.R

On le croyait définitivement effacé de la vie politique française, occupé à cultiver un jardin bio, à jouer à la pétanque avec de vieux dinosaures rabougris ou à écrire ses mémoires tout en donnant la contradiction à son épouse philosophe Sylviane Agacinski. Lionel Jospin, l’ancien Premier ministre qu’une humiliante troisième place derrière Jean-Marie Le Pen lors de la présidentielle de 2002 obligé à se déclarer retraité forcé de la vie politique, est réapparu cette semaine dans le radar de l’actualité.
Il fut invité à l’Elysée par Nicolas Sarkozy pour un déjeuner en tête-à-tête. Raison officielle invoquée par les communicateurs de Nicolas Sarkozy : le président de la République est en train de consulter tous azimuts avant de prendre de grandes décisions comme celle de fixer la déjà très polémique taxe carbone, de ciseler la position de la France à la veille du sommet très attendu du G20 à Pittsburgh les 24 et 25 septembre aux USA. Les propositions et les conseils de grandes voix de la gauche pourront lui être d’une précieuse aide, murmure-t-on à l’oreille de ceux qui s’interrogent à haute voix sur l’utilité d’un tel défilé de personnalités de gauche à la table présidentielle. Cette rencontre entre les deux hommes ne fut ni totalement publique avec poignées de main chaleureuses devant un perron de l’Elysée envahi par les caméras de télévisons pour immortaliser le moment, ni totalement clandestine. Comme des images volées et instables prises derrière de solides barreaux, Lionel était reconnaissable, dans cette atmosphère de paparazzi, avec sa tignasse blanche, ses épaisses lunettes. Un flou savamment entretenu pour donner à cet entretien une dose supplémentaire de mystères.
Nicolas Sarkozy l’a prouvé à plusieurs reprises. Même quand il ne parvient pas à les convaincre d’entrer au gouvernement, il adore communiquer avec des personnalités de gauche et même leur confier des missions stratégiques pour sa gouvernance. N’a-t-il pas chargé l’ancien Premier ministre de François Mitterrand, Michel Rocard, de réfléchir sur la taxe carbone qui fait tant de bruit aujourd’hui ? N’a-t-il pas nommé le même Rocard à la tête d’une importante commission chargée de définir les grands chantiers destinés à accueillir prioritairement les investissements du grand emprunt national lancé lors du dernier congrès de Versailles ? N’a-t-il pas confié à Jack Lang une mission de dialogue avec le régime castriste de Cuba ? N’était-il pas à deux doigts de faire entrer au gouvernement un ancien ministre de Lionel Jospin, Claude Allègre, n’était-ce la bronca du lobby écologique dressé contre ce dernier à cause de ses postions à contre-courant sur le réchauffement climatique ?
Plus que jamais, la question de savoir si la tentation d’enrôler Lionel Jospin démange Nicolas Sarkozy est des plus pertinentes. Interrogé de livrer son sentiment sur cette affaire particulière, Lionel Jospin s’en sort par une pirouette sémantique qui rajoute plus de mystères qu’elle n’en apporte de clarifications. Pour lui, il est hors de question de s’inscrire dans le jeu de Nicolas Sarkozy qui cherche à accrocher le maximum de scalps de gauche à sa bandoulière. Par contre, il est tout à fait partant si cette posture s’inscrit dans le cadre du «dialogue républicain» que gauche et droite doivent avoir.
Lionel Jospin a profité de cette sortie pour apporter son aide à la première secrétaire du PS accusée par un livre-enquête de journalistes d’avoir volé sa victoire lors du dernier congrès de Reims en bourrant les urnes. Pour Lionel Jospin, «la question de la légitimité de Martine Aubry ne se pose pas. (Elle) est issue d’un congrès avec une élection». Et Lionel Jospin de formuler sa morale : «Je pense que ce n’est pas en grattant des plaies qui ont déjà été examinées à l’issue de leur congrès qu’ils vont avancer». La position de Lionel Jospin à l’encontre de Martine Aubry n’étonne personne. Il a été parmi les grands éléphants du PS à militer activement pour barrer la route à Ségolène Royal, accusée d’avoir contrarié son retour lorsqu’il voulait mener la bataille présidentielle de 2007 face à Nicolas Sarkozy. Sa rancune est encore si tenace que même son déjeuner à l’Elysée est à mettre, sans risque de grande exagération, sur le compte d’une revanche mijotée à froid. 

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