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Martin Hirsch teste l’assiduité rémunérée à l’école

© D.R

L’homme qui a eu cette surprenante idée de lutter contre l’absentéisme à l’école par la création d’une cagnotte qui rémunère les élèves de leur assiduité n’est pas un de ces obscurs esprits technocratiques qui peuplent de leur savoir-faire comptable différents ministères. Il s’agit de Martin Hirsch le Haut commissaire aux Solidarités actives et la Jeunesse. Cet ancien président d’Emmaüs France a longtemps et sans doute involontairement  campé le rôle de caution morale dans le casting gouvernemental de Nicolas Sarkozy. Il semble lui être tellement indispensable qu’à aucun moment l’idée de s’en séparer n’a effleuré la chronique politique. Voici en tout cas comme le jeune Martin Hirsch au sourire d’adolescent et à l’allure d’un habitué des grands conseils d’administration, présente sa trouvaille : après avoir bien expliqué que dans certaines académies, le taux d’absentéisme va de 5 à 80% : «Ce n’est pas une carotte individuelle. On essaie des choses nouvelles (…) On dit dans une classe “vous pouvez avoir envie de faire un projet collectif mais il faut bosser, être là, être solidaires, se donner les moyens. Et on vous soutient».
Passée la charge des humoristes qui ont lourdement épilogué sur le fait qu’un des établissements concernés par cette expérimentation porte le nom de Lino Ventura, un acteur de talent qui a longtemps incarné le rôle de gangster parfait dans le cinéma français mais n’a pas brillé par la longue durée de ses études et par son conséquent son assiduité à l’école, la classe politique française a fait sont beurre quotidien de cette proposition.
Dans le camp des supporters, l’inévitable porte-parole de l’UMP, Frédérique Lefébvre : «Si des efforts ont été faits par la communauté éducative (…) je ne trouve pas ça absurde que l’on récompense une classe». On trouve aussi Luc Chatel, ministre de l’Education nationale  porte-parole du gouvernement : «Le gouvernement a engagé la guerre contre l’absentéisme et le décrochage scolaire. On fait des expérimentations et la cagnotte est une expérimentation».
Dans  le camp de ceux qui doutent ou qui expriment des réserves sur cette idée d’avoir recours à l’argent pour assurer la présence des élèves au lycée, il y a Xavier Bertrand, le patron de l’UMP. L’homme avait habitué son monde à dire Amen à toutes les décisions que prend le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Depuis un certain temps, Xavier Bertrand semble entamer sa période de doute et d’interrogation. Sur cette question, il fait preuve d’une étonnante lucidité: «L’assiduité c’est une responsabilité parentale (…) Qu’ensuite on puisse avoir des expérimentations de ce genre, je demande à être convaincu, je demande à avoir des éclaircissements».
L’autre figure de la majorité qui exprime ouvertement ses réserves est Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et surtout tête de liste UMP de l’île-de-France pour les prochaines élections régionales. Elle balance son argumentaire qui risque de provoquer un rictus chez Martin Hirsch : «l’assiduité, c’est le premier devoir d’un élève. Est-ce qu’il faut monnayer l’assiduité, est-ce qu’il faut payer un enfant, un adolescent, pour faire ce qu’il doit faire? Je crains qu’il puisse y avoir des dérives».
Si un membre important du gouvernement parle de cette manière d’une expérimentation lancée par un autre collègue, que dire de l’opposition qui s’est engouffrée dans cette brèche fustigeant «la mentalité de casino» et «le fric roi» qui inspirent les projets politiques du gouvernement. Cette histoire, c’est du pain béni pour un homme comme François Bayrou, le leader du MoDem : «C’est une histoire de dingue. Une dérive inacceptable, un incroyable déplacement des valeurs de nature à troubler encore un peu plus les repères des enfants».
Les socialistes par la voix de Vincent Peillon ont demandé au gouvernement d’empêcher la réalisation de cette mesure avec cet argument qui ne manque pas de sel : «Ce qui est très beau dans l’Education nationale, c’est que ça n’est pas que des règlements, des stylos, des bureaux, c’est un esprit (…) De Condorcet à Jules Ferry, on a quand même construit notre République avec des valeurs».

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