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Martine Aubry menace Manuel Valls qui refuse tout diktat

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Contestée par ses alliés de gauche et au sein même du Parti socialiste, Martine Aubry tente d’affirmer son autorité en mettant en demeure Manuel Valls de taire ses critiques contre le parti ou de le quitter. Ce rappel à l’ordre, dans un courrier dont Le Parisien publie mercredi des extraits, a suscité une vive réaction du député de l’Essonne. «Je ne quitterai pas le PS, pas plus que je vais me taire», a-t-il déclaré au Monde.fr. Le président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui a opposé une fin de non-recevoir comme l’ensemble des partis de la gauche radicale au «projet commun» proposé par la dirigeante socialiste, y a vu une justification de sa méfiance. «Martine Aubry envoie des courriers bizarres en plein été et d’une manière comminatoire», a-t-il dit sur RTL. Il s’agit du premier conflit de la dirigeante socialiste avec une personnalité de son parti depuis le score médiocre du PS aux élections européennes du 7 juin dernier (16,48%), qui pose les questions du projet et de la stratégie du PS.
Dans sa lettre, le premier secrétaire du Parti socialiste demande à Manuel Valls, candidat déclaré à des primaires du PS pour la présidentielle de 2012, de faire un choix. «Tu donnes l’impression d’attendre, voire d’espérer la fin du Parti socialiste (…) Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences, et quitter le PS», écrit-elle.
«C’est le moment de vérité. Je te demande de me faire part de ton choix dans les jours qui viennent. On n’appartient pas à un parti pour s’en servir, mais pour le servir», ajoute-t-elle. Avant même le mauvais résultat du PS aux élections européennes, Manuel Valls multipliait les critiques contre le PS, dont il réclame une rénovation profonde, allant jusqu’à proposer un changement de nom. «Il faut se régénérer, il faut changer de méthode, il faut changer de direction, il faut changer de génération, il faut changer de programme, il faut changer de nom», disait-il le 10 juin sur i-Télé. «Il est minuit moins le quart avant la mort clinique du parti», ajoutait-il.
Pour l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard, nommé par Nicolas Sarkozy à la tête d’une commission chargée de définir les priorités de l’emprunt national, il ne serait pas judicieux d’enterrer le PS pour le reconstruire. «On peut s’amuser avec ces phrases qui ne veulent rien dire. Il faut 50 ans pour faire l’équivalent, il a 104 ans maintenant, c’est une vieille maison», a-t-il dit lors de l’émission Questions d’info sur LCP qui doit être diffusée mercredi soir. Autre difficulté pour Martine Aubry, qui a été élue d’un cheveu en novembre dernier à la direction du parti face à Ségolène Royal : le député Arnaud Montebourg, partisan de primaires ouvertes, s’agace de la lenteur de la direction pour choisir le mode de désignation d’un candidat pour 2012. Il veut que le PS «s’accorde au plus vite sur le cadre général de la procédure», estimant qu’il y a «urgence à tenir cette promesse», rapporte mercredi Libération. Parallèlement, le projet de Martine Aubry de reconstituer une «gauche plurielle» aux régionales de 2010 pâtit de son échec aux européennes, le PS n’étant plus hégémonique. Le rapprochement de Jean-Luc Mélenchon et du dirigeant du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot d’un côté et la montée en puissance des Verts de l’autre, placent les socialistes dans une situation délicate.
Des Verts au PCF, tous les ex-alliés du PS ont rejeté pour le moment l’idée d’un rassemblement au premier tour des régionales, préférant des alliances au second tour en fonction du rapport de forces. Tout en se disant toujours prêt pour le dialogue, Jean-Luc Mélenchon a qualifié mercredi de «radeau de la méduse», la «maison commune» proposée par Martine Aubry.
«Au moment où elle nous fait ses bonnes mines, ses caresses dans le dos, ses amis s’allient avec les centristes. Il y a un double jeu», a-t-il dit.

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