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Massacre à Kerbala le jour de l’Achoura

© D.R

Les attentats qui ont ensanglanté la fête de l’Achoura, mardi 2 mars 2004, ont fait environ 150 morts à Bagdad et dans la ville sainte chiite irakienne de Kerbala. Après la série d’explosions qui ont semé la panique, les corps, dont beaucoup étaient décapités ou mutilés, ont été entassés à l’entrée du principal hôpital. D’autres ont été transportés à l’intérieur.
Dix-sept d’entre eux ont été alignés dans une seule pièce sans fenêtre de l’établissement, a constaté un journaliste de l’AFP sur place. A Kerbala, où plusieurs explosions ont été entendues, le bilan s’élève désormais à au moins 70 tués, déclare à Reuters le chef de la police de la ville, le colonel Raed Nabil. Un responsable chiite avait fait état en outre d’une centaine de blessés. « Jusqu’à présent, il y a 70 tués, des Irakiens comme des Iraniens », a-t-il dit. A Bagdad, les explosions qui ont pris pour cible une mosquée, considérée comme le sanctuaire chiite le plus sacré de la ville, ont tué au moins 75 personnes, a déclaré un responsable médical, Walid Djoumaa Hassani.
La communauté chiite irakienne a déjà été la cible d’attentats ces derniers mois. Le 29 août dernier, une voiture piégée faisait au moins 83 morts, dont le plus haut dignitaire chiite irakien, l’ayatollah Mohamed Bakr al Hakim, et 175 blessés devant la mosquée de l’imam Ali, à Nadjaf. Ces explosions interviennent au temps fort de l’Achoura. Simultanément, cinq explosions ont frappé Kerbala, où avaient afflué autour de deux millions de fidèles chiites. Un correspondant de Reuters présent dans le centre de la ville, située à 90 km au sud de Bagdad, a vu des membres humains et des flaques de sang dans une rue après les explosions. A Bagdad, au moins quatre explosions se sont produites pratiquement à la même heure, dans le quartier de Khadimiya. Des milliers de fidèles étaient en train de défiler dans les rues de ce quartier lorsqu’ont retenti les explosions.
Un correspondant de Reuters, Souleïman al-Khalidi, a vu plusieurs ambulances se rendre à pleine vitesse sur les lieux de ces attentats, qui ne vont pas manquer d’attiser les tensions entre communautés religieuses rivales en Irak.
C’était la première fois de longue date que les chiites pouvaient marquer l’Achoura, le dictateur Saddam Hussein, sunnite, les en ayant empêchés lorsque l’Irak était sous sa férule. Durant cette fête, les hommes marchent dans les rues en se frappant la poitrine et la tête pour exprimer leur peine collective. Les rites de commémoration du martyre de Hussein ont été brièvement interrompus, puis une procession massive a commencé de se déplacer à travers la ville. Des médecins de l’hôpital ont indiqué que le bilan d’une cinquantaine de tués pourrait encore augmenter car des blessés continuaient d’affluer, transportés par des ambulances ou par des véhicules particuliers. Les autorités ont indiqué que les explosions avaient été provoquées par des roquettes ou des obus de mortier tirés depuis l’extérieur de la ville et qui ont atterri près du mausolée d’Abbas, l’un des petits-fils du prophète Mahomet.
Ces explosions sont survenues alors que des centaines de milliers de pèlerins chiites venus de tout l’Irak et d’Iran se pressaient dans la ville sainte pour pleurer la mort de leur martyr Hussein, demi-frère d’Abbas, qui fut tué lors d’une bataille en 680 et enterré à Kerbala.
« Les explosions ont été provoquées par les tirs d’au moins six roquettes à partir de la zone de Hyabi, au nord de la ville, sur le mausolée d’Abbas », un lieu saint chiite, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police de la ville, Rahim Michaoui. « La police, en collaboration avec les forces polonaises de la coalition, a fermé toutes les issues de la ville », a-t-il ajouté. Selon lui, la police a procédé à l’arrestation d’un « suspect de nationalité iranienne » et entamé un enquête pour tenter d’identifier les auteurs des tirs. L’une des explosions a été provoquée par un kamikaze qui s’est fait sauter au milieu de la foule, emportant dans la mort 25 personnes, a déclaré un policier à l’AFP. « J’ai vu un homme courir vers un groupe de pèlerins iraniens et se faire exploser », a raconté le capitaine Mahdi Ghanami, selon qui « l’explosion a fait 25 morts ». Une bombe était cachée dans un sac que l’homme portait sur lui, a ajouté le capitaine Ghanami.
Le colonel Zdzislaw Gnatowski, porte-parole de l’armée polonaise, a indiqué à l’AFP que les forces de l’ordre de Kerbala, une zone administrée par la Pologne, avaient arrêté deux terroristes « en flagrant délit » au moment où ils s’apprêtaient à tirer d’autres roquettes.

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