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Mohamed Moussaoui, un Marocain, prend la tête des institutions représentatives des musulmans de France

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Malgré le boycott de la Grande mosquée de Paris dirigée par le Franco-algérien Dalil Boubaker, les élections destinées à renouveler les instances du CFCM, le Conseil français du culte musulman ont eu lieu. Et comme l’ensemble des spécialistes de ce dossier le pressentaient, le sensibilité marocaine a fini par imposer une nette victoire en cassant un échafaudage représentatif artificiel voulu par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur et du Culte.
Les résultats de ce dimanche électoral ne laissent place à aucun doute. Le Rassemblement des musulmans de France (RMF) d’obédience marocaine a remporté 43, 24% des voix, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) dirigée par le duo franco-marocain, Fouad Alaoui et Lhaj Thami Brez a eu 30,23% des voix, le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) 12,73% et les divers 12,5%. Dans cette opération, le taux de participation était de 81% en baisse de quatre points par rapport aux élections de 2005.
Cette victoire des Marocains pose crûment la question de la succession de Dalil Boubaker à la tête du CFCM. Il est vrai que tout en brandissant l’arme du boycott, le recteur de la Mosquée de Paris tentait en douce de négocier avec Michelle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur et du Culte, une présidence honorifique. Echec sur toute la ligne et la page de Dalil Boubaker est violemment tournée.
L’homme qui se prépare depuis longtemps à prendre la présidence du CFCM est le Franco-marocain Mohamed Moussaoui. Inconnu du grand public, Mohamed Moussaoui est né le 1er avril 1964 dans la rude ville de Figuig, située dans l’oriental marocain. Aujourd’hui, sa fonction actuelle est «maître de conférence habilité à diriger les recherches à l’université d’Avignon». Titulaire d’un doctorat de mathématiques appliquées sous la direction du professeur Charles Casting, Mohamed Moussaoui, père de trois enfants, attire comme un aimant le qualificatif de «surdoué». Surdoué d’abord des études en général et des mathématiques en particulier. Il a publié de nombreux articles d’analyse dans le domaine des mathématiques dans des revues spécialisées les plus pointues. Il a participé à de nombreux colloques internationaux sur les mathématiques appliquées.
Surdoué ensuite du travail religieux. Mohamed Moussaoui a fait ses débuts dans ce domaine en dirigeant la prière du vendredi dans la mosquée du foyer de la Sonacotra à Montpellier et la mosquée Al Bokhari à Avignon. Ce qui lui avait valu le doux sobriquet d’«ouvrier de la foi». Depuis, il s’était investi dans le travail associatif de la région PACA au point de devenir successivement secrétaire général du rassemblement du CFCM et vice-président du Rassemblement des musulmans de France. Cet activisme au niveau de la région avait forcé l’estime de ses pairs et lui permis d’être invité par Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour assister aux «Dourouss Hassania».
L’homme qui s’apprête vraisemblablement à succéder le 22 juin à Dalil Boubaker aura la lourde tâche de donner au CFCM ses véritables lettres de noblesse.
L’enjeu est d’autant plus pertinent que le CFCM a  été un ramasse-tout destiné plus à calmer les appétits des associatifs qu’à gérer les problèmes dont souffre la seconde religion de France comme la formation des imams, la gestion transparente des filières du «Halal», la construction de nouvelles mosquées ou l’organisation du pèlerinage à la Mecque. Le futur président du CFCM aura aussi à gérer les humeurs des dirigeants de la Grande mosquée de Paris qui avaient boycotté ses élections. Sentant le possible travail de sape auquel une telle institution peut se livrer pour dynamiter les activités du CFCM, Anouar Kbibech, le président du rassemblement des musulmans de France (RMF) est conscient de l’enjeu : «La Grande mosquée de Paris a une grande importance symbolique. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour la voir revenir». Mohamed Moussaoui attend d’être officiellement porté à la tête du CFCM pour dévoiler sa stratégie. Son succès dépend de sa capacité à incarner un vrai renouveau susceptible de relancer le CFCM comme une structure réellement représentative et à pouvoir fédérer, sur un terrain explosif, des intérêts contradictoires.

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