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Mugabe, au nom du pouvoir

Il y a plus de vingt ans, en mars 1980, Robert Mugabe remportait une victoire historique contre le chef du gouvernement Ian Smith, et son projet de colonie blanche dans l’ancienne Rhodésie britannique.
L’ancien guérillero, leader du parti ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique) a ensuite pris les rênes du Zimbabwe en 1987 lors d’une réforme constitutionnelle. Dès lors, lui et le pouvoir ne font plus qu’un. Elu en 1990, réélu en 1996 (il est le seul candidat), Robert Mugabe entame un processus de démocratisation avant de renforcer ses propres pouvoirs face à une opposition grandissante. Cette même contestation politique, menée par le MDC (Mouvement pour le changement démocratique) et son leader Morgan Tsvangirai, empoisonne d’ailleurs encore aujourd’hui tous ses projets. Car devant son parti le 15 décembre dernier, le président l’a bien signifié. Comparant sa campagne électorale à «une guerre totale», il avait alors lancé : «quand le temps viendra de tirer la balle, le bulletin de vote, la trajectoire du fusil doit être la bonne ».
Alors, malgré ses 77 ans et des rumeurs de maladie, Robert Mugabe déploie une méthode musclée. Dès le mois de décembre, il refuse la présence de certains observateurs européens pour l’élection, sous prétexte qu’ils soutiennent l’opposition. Les délégués provenant de Grande-Bretagne, d’Allemagne, des Pays-Bas, du Danemark, de la Finlande et de la Suède sont désormais indésirables sur le sol zimbabwéen.
Le 10 janvier, M. Mugabe fait ensuite voter deux lois controversées, l’une sur la sécurité publique visant à museler l’opposition, et l’autre modifiant la loi électorale en vue de restreindre le droit de vote (aux dépens des blancs). La communauté internationale se déclare alors de plus en plus «préoccupée» par la dérive autoritaire de Mugabe. Celui-ci, dénonçant toute ingérence étrangère, qualifie de «relation coloniale archaïque», celle «imposée» à son pays l’UE et le Commonwealth. Il ordonne même l’expulsion, le 16 février, du chef des observateurs de l’UE, le Suédois Pierre Schori. La goutte d’eau. Le lendemain, les Quinze sanctionnent et rappellent les leurs, bientôt suivis par les Américains officiellement pour «atteinte aux droits de l’Homme».
Le président-candidat en perdition multiplie depuis les actes de répression pour contrer la montée de l’opposition. Son rival, Morgan Tsvangirai est accusé, ainsi que deux autres responsables du MDC, d’avoir voulu assassiner le chef d’Etat. Lundi dernier, après avoir été interrogé par la police, le chef de l’opposition, déclare avoir été inculpé pour «haute trahison». Un «piège», selon lui, que les autorités ne récusent que trois jours plus tard. En attendant son parti, le MDC, continue d’être la cible d’attaques, de passages à tabac et d’arrestations arbitraires. Selon plusieurs organisations des droits de l’homme, 26 personnes, en majorité des opposants, ont ainsi été tuées depuis le 1er janvier. Et un nombre croissant d’observateurs doutent que l’élection des 9 et 10 mars puisse être «libre et honnête»…

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