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Nicolas Sarkozy accusé de régenter les grands médias

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Quelle est le plus dégradante des insultes, la plus humiliante des descriptions, la plus violente des désignations pour un homme politique français ? C’est d’être comparé à Silvio Berlusconi. Dans un énorme pince-nez, le regard glacé de mépris, l’insulte fuse : untel est en voie de «Berlusconisation». A savoir un homme politique qui traite les principales règles de la démocratie et la séparation des pouvoirs par-dessus la jambe et qui est prêt à tout pour acheter les engagements et les consciences comme d’autres, en leur temps, l’on fait sous la contrainte des armes. C’est exactement ce qui vient d’arriver à Nicolas Sarkozy sur la base de deux affaires extrêmement révélatrices, celle de la nomination du président de France Télévisions et celle de son intrusion pour donner sa préférence quant à l’identité du repreneur du grand journal du soir «Le Monde» qui traverse une grande crise financière. Pour France Télévisions, alors que l’actuel président Patrick de Carolis affiche, de l’avis de nombreux professionnels, un bon bilan et a fait savoir qu’il était candidat à sa propre succession, Nicolas Sarkozy semble lui préférer le jeune Alexandre Bompard, un proche de François Fillon, actuellement à la tête de la radio Europe1, le joyau du groupe Lagardère dont le patron Arnaud affiche une grande proximité politique avec Nicolas Sarkozy. Patrick de Carolis avait le seul tort d’avoir été nommé sous l’ère Chirac, pris en affection par l’ancienne Première dame, Bernadette. L’autre dossier est celui du journal «Le Monde» à la recherche d’une recapitalisation urgente évaluée à 60 millions d’euros pour ne pas sombrer. Alors que des solutions industrielles ont été proposées au journal, Eric Fottorino, le directeur du journal Le monde a révélé que Nicolas Sarkozy s’est personnellement entretenu avec lui pour lui déconseiller de suivre la solution proposée par le trio Bergé-Pigasse-Niel, sous prétexte qu’ils ont des sympathies socialistes. Pire encore, Eric Fottorino révèle que Nicolas Sarkozy a menacé de faire pression sur le journal en supprimant les aides promises par l’Etat, via la Caisse des dépôts, dans le cadre du plan de modernisation de l’imprimerie du groupe si une telle piste est choisie. A travers ces deux affaires révélatrices, Nicolas Sarkozy est accusé par l’opposition de vouloir régenter les grands médias, d’y placer des hommes sûrs et fidèles. C’est que le président est en train de restructurer sa machine de guerre pour partir à la conquête d’un nouveau mandat. Nicolas Sarkozy a toujours accordé un intérêt particulier pour les médias, jusqu’à jouer parfois les rédacteurs en chef ou les programmateurs de l’ombre. Cette volonté de vouloir reprendre en main certaines grandes enseignes provient du constat fait pas son entourage que ces médias y sont pour beaucoup dans la diffusion de la sinistrose qui explique ses mauvais sondages et sa mauvaise réputation auprès des Français. Sauf que dans le cas actuel, parce que la règle de base de la discrétion n’a pas été respectée, l’effet boomerang d’une telle stratégie risque d’être encore plus désastreux. Il donne, en priorité, du grain à moudre pour l’opposition trop excitée de dénoncer «l’atteinte à la liberté de la presse» portée par le premier personnage de l’Etat. Il mobilise, accessoirement, les rédactions dans une attitude de défi à l’encontre d’un homme soupçonné de vouloir les bâillonner.

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