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Nicolas Sarkozy adoube Abbas avec l’Etat palestinien

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C’est un Mahmoud Abbas des mauvais jours, en pleine déprime politique qui rencontre ce lundi Nicolas Sarkozy. Le président de l’Autorité palestinienne a cessé depuis longtemps d’incarner cet espoir de solution de paix négociée avec Israël. Et pour cause, l’homme semble avoir calé sur toute la ligne. Incapable de parvenir à une réconciliation avec les islamistes du Hamas qui contrôlent la bande de Gaza. Incapable de s’imposer aux Israéliens comme un incontournable interlocuteur. Incapable de mobiliser la communauté internationale, Américains en tête pour exercer la dose de dépression nécessaire sur l’Etat hébreu et l’obliger à annoncer le gel des colonies. Son seul fait d’arme aura été de maintenir un semblant d’ordre en Cisjordanie. C’est pour toutes ces raisons combinées qu’il a, à plusieurs reprises, menacé de jeter l’éponge et de se retirer du leadership palestinien. Jusqu’à présent, ses annonces font davantage partie des caprices d’un boudeur qui veut qu’on le retienne à tout prix que d’une vraie stratégie de retrait. Après avoir été porté au pinacle par Israël et la communauté internationale comme le grand homme de paix palestinien, Mahmoud Abbas subit ces derniers temps de violentes critiques publiques de la part d’officiels israéliens. Sa position et ses atermoiements sur la meilleure manière d’exploiter politiquement le rapport Goldstone avaient fini par ternir sérieusement sa popularité chez les Palestiniens. Avant d’arriver à Paris, Mahmoud Abbas, à qui l’administration Obama vient d’imposer des négociations indirectes avec les Israéliens, a tenu à lancer un avertissement en se disant craindre que les Palestiniens, faute d’espoirs et de perspectives, ne soient acculés à recourir à la violence. Cela peut aussi bien faire partie d’une logique d’enchère politique que d’un constat d’impuissance. Comme s’il anticipait ce débat, la diplomatie française, par la voix de Bernard Kouchner, vient de lancer un pavé dans la mare en se disant prête à envisager la proclamation et la reconnaissance immédiate d’un Etat palestinien avant même la négociation sur les frontières. La carte de la proclamation unilatérale que les Palestiniens avait menacé d’utiliser, avait déjà rencontré quelques résistances, notamment en Europe qui pointe la fiabilité politique du projet. S’il s’avère que Nicolas Sarkozy prenne cette idée en charge et tente de convaincre ses homologues de l’Union européenne de sa pertinence, cela pourrait constituer un vrai tournant dans ce conflit. Israël a déjà réagi à la proposition de Bernard Kouchner par un rejet exprimé sous l’anonymat : «Imposer un tel semblant de solution partielle de l’extérieur va à l’encontre de l’idée même de paix».
C’est la quatrième rencontre entre Nicolas Sarkozy, président, et Mahmoud Abbas. Même si le président de la République a toujours tenu à préciser qu’il ne «transigerait jamais avec la sécurité d’Israël», cette rencontre peut être l’occasion pour le Raïs palestinien de mobiliser d’autres cartes pour tenter de convaincre le gouvernement Netanyahou que l’annonce du gel des colonies est la condition minimale pour tout retour au processus. Abbas est un déçu d’Obama. Trouvera-t-il le soutien et le réconfort nécessaires auprès de Sarkozy?

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