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Nicolas Sarkozy affronte le défi de l’affaire Betancourt

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Avant même d’avoir eu lieu, l’image fait déjà tourner les têtes les plus froides et saliver les langues les plus sèches. Elle fait déjà frétiller les télévisons d’excitation et scintiller de bonheur les magazines en papier glacé. L’image en question est celle d’un Nicolas Sarkozy en pleine jungle colombienne en train des négocier avec les redoutables FARC la libération d’Ingrid Betancourt. Un Nicolas Sarkozy libérant, tout en sueur, son côté «Indiana Jones» après avoir joué les «Robin des bois» avec les infirmières bulgares et le médecin palestinien en Libye, ne surprendrait plus personne.
Cette image ne fait plus partie du panthéon de l’impossible puisque les autorités colombiennes, qui s’apprêtent à ouvrir un round de négociation avec les rebelles des FARC, viennent de faire une proposition dans ce sens à Nicolas Sarkozy. Il s’agit ni plus ni moins que de l’associer étroitement à un processus de libération des otages. Une cinquantaine dont trois américains et Ingrid Betancourt. Le Haut commissaire colombien pour la paix, Luis Carlos Restrepo, vient de formuler et d’argumenter cette proposition : «Nous espérons que la France nous accompagnera de manière étroite dans cette initiative (…) la France comme une alliée naturelle, parce qu’Ingrid Betancourt est citoyenne colombienne et française».
Cette proposition fut transmise à Nicolas Sarkozy alors que ce dernier était à Alger en train de mettre des points de suture à la pathologique relation franco-algérienne. Lorsqu’il avait entendu la proposition du président colombien Alvaro Uribé, Nicolas Sarkozy n’a pas piétiné le sol de bonheur et d’excitation. Bien au contraire, la délégation française avait tenté de mimer la retenue et le self contrôle avec ses mots qui sentent bon le verbiage diplomatique: «La situation est complexe, ça demande un peu de réflexion pour voir quelle est la meilleure stratégie Nicolas Sarkozy n’a pas à se précipiter sur chaque porte qui s’ouvre (…) On n’a pas le droit de se tromper. Il faut trouver les bons vecteurs. C’est sur quoi on est en train de travailler». Avec en tête cette déclaration déterminée de Nicolas Sarkozy lorsqu’est apparue la dernière preuve de vie d’Ingrid Betancourt : «On ne laissera jamais tomber Ingrid Betancourt. Maintenant, on sait qu’elle est vivante, maintenant il faut se battre avec acharnement pour obtenir sa libération et la fin de ce calvaire dans les plus brefs délais». La famille Betancourt qui depuis longtemps lutte contre l’oubli qui menace d’envelopper le sort d’Ingrid s’est montrée très satisfaite de l’implication de la France dans le processus de négociation. Sa fille Mélanie le dit sans détour : «Si le gouvernement colombien est vraiment prêt à commencer à négocier directement avec les FARC et propose au gouvernement français d’être complètement impliqué dans l’affaire, je trouve que c’est une très, très bonne nouvelle (…) Je sais que les mots de Maman, que les images qu’on a vues, vont faire avancer les choses».
Dans sa longue et émouvante lettre considérée avec sa vidéo comme d’indiscutables preuves de vie, Ingrid Betancourt fait une référence directe à Nicolas Sarkozy : «Je sais que ce que nous vivons est plein d’inconnues, mais l’histoire a ses temps propres de maturation et le président Sarkozy est sur le Méridien de l’Histoire. Avec le président Chavez, le président Bush et la solidarité de tout le continent, nous pourrions assister à un miracle».
Pour Nicolas Sarkozy, Ingrid Betancourt a une valeur particulière. Non seulement à plusieurs reprises avant et après les élections présidentielles, il s’était formellement engagé, souvent avec une virilité non feinte, à tout mettre en œuvre pour la libérer, mais le sort de cette franco-colombienne détenue depuis de longues années dans la jungle avait ému l’ensemble de l’opinion sans aucune distinction au point de devenir une icône de souffrance et de frustration de liberté. L’ancienne présidence, Jacques Chirac en général et Dominique De Villepin en particulier, avait tout tenté, y compris les moyens les plus rocambolesques, pour obtenir la libération d’Ingrid Betancourt. Il ne déplairait pas à Nicolas Sarkozy, qui se livre actuellement à un dure droit d’inventaire judiciaire, de réaliser une performance là où ses prédécesseurs, Chirac et De Villepin, témoins vivants de son possible succès, ont échoué.

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