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Nicolas Sarkozy, chef de guerre incontesté

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Bien avant que les aviations française, américaine ou britannique ne s’activent contre le territoire libyen, Nicolas Sarkozy avait réussi en l’espace de quelques heures trois grands exploits diplomatiques. Le premier est d’avoir œuvré sans relâche pour convaincre les Nations Unies de voter une résolution autorisant le recours à la force contre Kadhafi. Le second est d’avoir réalisé la performance de réunir un sommet international à Paris pour décider les modalités de son application. Le troisième est d’avoir persuadé des pays arabes comme les Emirats arabes unis, le Qatar, la Jordanie, l’Irak ou le Maroc de le suivre dans son entreprise. En deux temps et trois mouvements, Nicolas Sarkozy, qui avait visiblement raté le train des révolutions tunisienne et égyptienne, vient de prendre bruyamment la locomotive du changement de régime en Libye. Il est ainsi devenu le chef de guerre incontesté d’une coalition qui saute au secours d’une population libyenne menacée de massacres de masse par la folie de son raïs poussé dans ses derniers retranchements. Nicolas Sarkozy n’a pas réussi cette posture sans difficulté. E les obstructions lui sont venues d’ailleurs de ses propres alliés. Angela Merkel, la chancelière allemande, que s’est abstenue lors du vote de la résolution de New York, a assisté au sommet de Paris, mais déclare ne pas participer à l’action militaire contre Mouammar Kadhafi. David Cameron, le Premier ministre britannique avec qui Nicolas Sarkozy avait depuis le début tissé les fils de cette entreprise du démontage du régime libyen, bloque sur le dispositif militaire qui doit frapper la Libye. Là où le président de la République considère qu’une coalition multinationale avec la participation des pays arabes doit agir, le Premier ministre britannique préfère sous-traiter la solution militaire à cette crise libyenne à l’Alliance Atlantique. L’approche de Nicolas Sarkozy ne manque ni d’intelligence ni de pertinence. Il veut impliquer lourdement les pays arabes, les mettre en avant sur le plan diplomatique et militaire pour couper l’herbe sous les pieds à tous ceux qui seraient tentés par l’idée de mobiliser les opinions arabes et islamiques sur le constat d’une attaque occidentale contre un pays arabe et musulman. L’ambition est claire de vouloir dépasser les exemples irakien et afghan qui donnent cette fâcheuse impression d’une confrontation meurtrière entre un Occident chrétien et un Orient musulman. Ce qui a le don de nourrir les résistances et de reléguer aux calendes grecques des sorties de crise sinon victorieuses du moins honorables. Au chef de guerre qu’est devenu Nicolas Sarkozy, de nombreuses interrogations sont posées : que faut-il faire dans le cas où les simples bombardements aériens et maritimes échoueraient à faire tomber Mouammar Kadhafi? Combien de temps une telle séquence militaire était censée durer avant qu’elle ne soit considérée comme efficace ou impuissante ? Prendra-t-il le risque de mettre des troupes au sol, ce qui contredit l’esprit de la résolution 1973 ou se contentera-t-il d’armer l’opposition? Dans sa déclaration après le sommet de Paris, Nicolas Sarkozy avait affirmé que «la porte de la diplomatie se rouvrira au moment où les agressions cesseront». Cela veut-il signifier que Mouammar Kadhafi peut toujours redevenir un interlocuteur fréquentable pourvu qu’il applique à la lettre la résolution onusienne ? Autant de questions auxquelles le temps imposera l’urgence des réponses.

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