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Nicolas Sarkozy et Martine Aubry entrent dans une phase de pugilats

L’impression est solidement installée que depuis que Martine Aubry a comparé le président Nicolas Sarkozy au célèbre escroc américain Madoff, après avoir méchamment souligné sa «vulgarité» et son «inélégance», un énorme pallier vient d’être franchi dans les relations entre les deux personnages. Le débat politique, qui ne manque pas déjà de piments à cause de ses contradictions et tiraillements naturels, vient de prendre un étrange relief. Comme si le pugilat hargneux, l’insulte de bistrots viennent d’avoir leurs lettres de noblesse et s’apprêtent à configurer les grands discours politiques.
Signe que Martine Aubry a eu la main lourde, c’est que des hommes comme François Hollande, un homme à la dent traditionnellement dure contre le président de la République, un leader socialiste lui aussi candidat presque déclaré à la candidature ait pris une distance remarquée par rapport à ses propos. Avec le prétexte malin que les socialistes ne sont pas «là pour copier Sarkozy». Une autre preuve qui souligne cet excès de Martine Aubry est la position exprimée par Dominique de Villepin, un opposant atavique à Nicolas Sarkozy. Il est vrai que l’ancien protégé de Jacques Chirac trouve les propos de Martine Aubry «déplacés», mais c’est pour mieux souligner le côté encore plus déplacé de ceux prononcés par Sarkozy sur François Mitterrand : «On ne règle pas des comptes avec ses prédécesseurs quand on est président de la République». Nicolas Sarkozy n’a toujours pas réagi personnellement à l’attaque de Martine Aubry. Il n’est pas certain, vu la nouvelle stratégie de communication de l’Elysée qui consiste à préserver et à encadrer au maximum les apparitions du chef de l’Etat, qu’il le ferait à chaud. Par contre, il a laissé ses troupes monter au créneau pendant tous le week-end, qui pour souligner «l’injure devenue un argument», qui pour stigmatiser «ses attaques brutales et dérisoires qui abaissent le débat politique». Tel un grand coup de billard français, la sortie de Martine Aubry sur Nicolas Sarkozy pour réaliser deux objectifs distincts. Il est clair que pour asseoir son leadership au sein du Parti socialiste, la première secrétaire du PS a fait le choix de radicaliser son opposition à Nicolas Sarkozy. Sa hantise étant de montrer à ses militants qu’elle est la seule qui incarne une vraie alternative à Nicolas Sarkozy. L’allusion presque explicite est dirigée vers la candidature de Dominique Strauss-Kahn qui rêve d’attirer les voix de droite sans perdre les grosses troupes de gauche. Une synthèse magique. Plus Martine Aubry critique la gouvernance de Nicolas Sarkozy, plus elle pense affaiblir et discréditer la démarche de DSK. Message de cette violente charge contre Nicolas Sarkozy, si quelqu’un peut et doit demain croiser le fer avec l’actuel président, c’est bien l’opposante numéro un Martine Aubry. L’autre résultat est celui qui peut servir Nicolas Sarkozy lui-même. Après avoir longtemps monopolisé les coups de sang, les dérapages et les sorties incontrôlées au point d’en faire une marque de fabrique difficile à faire oublier, Martine Aubry, par ses attaques et cette comparaison Sarkozy-Madoff, vient de niveler la critique politique en la harmonisant avec le style Sarkozy. C’est ce qui explique sans doute les réticences de sa propre famille.

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