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Nicolas Sarkozy raille les grèves invisibles et indolores

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S’agissait-il d’une phrase lancée au hasard d’un effet de manches bien appuyé au sortir d’un banquet gastronomique bien arrosé ou d’une vraie stratégie de provocation à l’égard des syndicats et de la gauche ? La sortie moqueuse de Nicolas Sarkozy sur le grèves indolores et invisibles continue de faire des vagues fiévreuses au sein du microcosme. La polémique est si violente qu’elle le poursuit jusqu’au Japon où il participe au sommet du G8. Nicolas Sarkozy est accusé d’agiter un mouchoir rouge devant un taureau en furie, de jeter l’huile sur un dialogue social déjà bien enflammé. Et pour cause. Le président de la république a profité d’une réunion de son parti, l’UMP, consacrée à l’Europe pour se payer la gauche qui le critique sur son bilan et lancer une volée de bois vert à l’encontre des syndicats qui ont montré les limites de leurs actions : «Désormais, quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit, (…) la France était en train de changer et cela beaucoup plus profondément qu’on ne le croit».
Le constat de Nicolas Sarkozy a eu le mérite de sortir le climat politique français et de son euphorie européenne et de sa torpeur estivale. Un des rares politiques de gauche à avoir répliqué vertement est le porte-parole du Parti socialiste, Julien Dray : «J’ai bien compris comme tout le monde qu’il s’agissait d’une provocation, de ce qu’on appelle chez moi une fanfaronnade (…) On peut regretter d’ailleurs que Nicolas Sarkozy n’ait pas compris que désormais président de la République, sa parole a une certaine portée et que donc on ne peut pas se comporter comme un chef de clan qui vient devant les siens en disant «voyez j’ai roulé les syndicats dans la farine, les salariés qui sont en grève, j’en fais ce que je veux». Et comme cela était attendu, les centrales syndicales, piquées au vif, ont réagi avec des mots et des menaces à la hauteur de la violence de l’attaque. Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, oublie un instant sa complicité légendaire avec l’Elysée et le gouvernement pour décrocher cette flèche : «Mesurer l’efficacité d’un gouvernement au nombre de grèves correspond à une vision archaïque du dialogue social. Je crois que le président de la République doit encore progresser dans sa vision du syndicalisme». Alors que Maryse Dumas, l’une des secrétaires confédérales de la CGT établit un lien direct entre cette attaque frontale et le bilan mitigé d’une action gouvernementale : «J’ai le sentiment que le président de la République fait une opération de diversion parce qu’il a bien du mal à démontrer en quoi sa politique réussit. Ni sur le pouvoir d’achat, ni sur l’emploi, ni sur la croissance, ni sur le bien-être des Français en général». Pour le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, Nicolas Sarkozy «s’est lâché devant un parterre acquis, caressant sa majorité dans le sens du poil (…) Il n’a pas résisté à la forfanterie et au mépris (…) Or, si l’on veut réformer, afficher son mépris est une très mauvaise méthode. D’autre part, n’envisager les choses qu’à partir de la question des grèves, c’est ignorer la réalité du mécontentement social». Visiblement gêné par la sortie de Nicolas Sarkozy sur les syndicats et les grèves, le gouvernement de François Fillon avait tenté le lendemain d’en minimiser la portée et d’expliquer les ressorts. Et c’est Xavier Darcos, ministre de l’Education qui s’est porté volontaire pour délivrer la bonne excuse : «Il avait devant lui le président du Parlement européen, le président de la Commission, il a leur dit «sachez que la réputation de la France d’être un pays souvent en grève, qui gêne souvent les usagers, est une réputation qui est aujourd’hui un peu dépassée, c’est un pays qui se modernise». C’est dans ce contexte qu’il fallait saisir la phrase du président. Claude Guéant, le secrétaire général de l’’Elysée, a tenté de jouer de son côté les pompiers et le démineurs en affirmant que «cette phrase a surtout pour objet de constater que les relations sociales prennent un autre tour». A voir les réactions des uns et des autres, il n’est pas sûr que les partenaires sociaux aient été convaincus par ces explications. Ce qui pousse certains à prévoir une rentrée sociale des plus dures et des plus déterminées… ne serait-ce que pour démentir le constat prophétique de Nicolas Sarkozy.

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