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Nicolas Sarkozy tente l’ouverture à droite

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En l’espace de deux décisions majeures, Nicolas Sarkozy a tracé les contours d’un imposant redéploiement politique qui va marquer profondément le reste de son mandat et éventuellement créer les conditions de sa reconquête de l’Elysée. La première est la nomination de Patrick Devedjian, ancien secrétaire général de l’UMP, à la tête d’un ministère chargé de la Relance économique, la seconde est le choix de Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin, au poste de secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes. De l’aveu même de Nicolas Sarkozy, les deux choix répondaient à un besoin d’ouverture de sa part vers sa propre famille politique. Le président de la République avait profité de la nomination de Bruno Le Maire pour faire cette étonnante confession sous forme de mise au point politique : «j’espère que chacun comprendra que, dans mon esprit, c’est aussi une façon de dire à la majorité que quiconque veut apporter sa pierre à l’œuvre de la réforme est le bienvenu (…) Je ne peux être une homme d’ouverture vis-à-vis d’une partie de la gauche et de ne pas être de la même ouverture vis-à-vis de l’ensemble des sensibilités de ma propre famille politique. Personne ne pourrait comprendre cela».
Pour le cas particulier de Patrick Devedjian, l’homme piaffait d’impatience pour devenir ministre et lorgnait avec beaucoup d’excitation sur le ministère de la Justice. Il ne cachait pas son ennui à la tête de l’UMP, encadré de très près par les proches du président comme Xavier Bertrand et Nathalie Kosciusko-Morizet. Il débuta le mandat de Nicolas Sarkozy avec une fracassante déclaration, mi-figue mi-raisin, sur l’ouverture qui doit aller jusqu’aux «sarkozystes». La formule fut reprise avec beaucoup de succès par la satire politique. Son amertume déteignait sur l’ensemble du parti et ainsi que sur l’humeur de ses députés qui n’ont raté aucune occasion de s’affirmer face à un président qui ne se trouve plus dans l’obligation de séduire des fidélités jugées acquises. L’exemple le plus récent fut la fronde contre le travail dominical. Promouvoir Patrick Devedjian consistait à le sortir par le haut d’une situation qui devenait intenable pour Nicolas Sarkozy au moment crucial où il avait besoin de l’UMP, comme machine de soutien et de conquête. Il s’agissait aussi d’adresser un signal à des troupes de plus en plus sceptiques sur le vrai bénéfice politique de l’ouverture vers la gauche.
Dans le cas de Bruno Le Maire, germanophone attitré, il faut rajouter à ce désir de donner un signal positif à la majorité, une envie particulière de Nicolas Sarkozy d’affaiblir davantage son ancien rival Dominique de Villepin déjà embourbé dans des ennuis juridiques à cause de l’affaire Clearstream. C’est en tout cas la conviction affichée d’un des proches de l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, le député du Morbihan, François Goulard : «Nicolas Sarkozy n’a pas pu résister à faire un mauvais coup (à Dominique de Villepin) (…) Cette nomination n’est pas innocente (…) On pourrait la qualifier de nomination «d’ouverture»: il s’agit de prendre à l’adversaire certains de ses lieutenants». Cette approche a été reprise sur un ton de plaisanterie par le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner qui avait dit en s’adressant à Bruno Le Maire : «On considère que tu es l’ouverture, de l’autre côté».
Nicolas Sarkozy n’est pas à sa première tentative de dévergonder les rangs villepinistes. Le même Bruno Le Maire avait déjà été nommé conseiller politique de l’UMP et Hervé Mariton, député de la Drôme secrétaire national de la Défense lors du remaniement de l’organigramme du parti du président en mars 2008. L’interrogation essentielle qui secoue le microcosme politique en cette fin d’année et à la veille d’un remaniement gouvernemental annoncé concerne la fameuse politique d’ouverture dont Nicolas Sarkozy a fait sa marque de fabrique et son label de qualité. Comment continuer dans cette voix sans lasser ? Comment être original et surprendre ? Comment trouver le bon dosage entre l’ouverture à gauche et celle de droite, l’ouverture sur la diversité ethnique et la société civile ?

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