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Nora Berra, une anti-Rachida Dati au gouvernement

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Si quelqu’un voulait verser dans un cynisme bon marché, il pourrait avancer cette belle théorie : Nicolas Sarkozy a la rancune suffisamment tenace pour tricoter la plus belle et la plus pimentée des  revanches contre Rachida Dati. A sa ministre de la Justice, il avait promis le purgatoire du Parlement de Strasbourg en cas de victoire aux européennes alors qu’à Brice Hortefeux, ministre élu député, il lui a conservé les délices du gouvernement en le mettant au poste stratégique de l’Intérieur. La logique affichée à l’avance étant, un ministre élu ne peut siéger au gouvernement.
Nicolas Sarkozy semble avoir poussé l’indélicatesse à l’égard de son ancienne protégée jusqu’à la remplacer dans le casting gouvernemental par Nora Berra, une Franco-Maghrébine, conseillère municipale à Lyon, élue à la surprise générale députée européenne, nommée au secrétariat d’Etat aux Aînés. Tout chez cette femme médecin de 46 ans, cinquième d’une fratrie de onze enfants, sent  l’anti-Rachida Dati. A l’exception de leurs origines modestes, Nora Berra est fille d’un tirailleur algérien tandis que le père de Rachida Dati était ouvrier, les deux femmes s’opposent sur toute la ligne. Au langage aigu, au regard perçant  et la démarche déterminée de Rachida, Nora oppose une phraséologie hésitante et une nonchalance maladroite qui n’est pas que le fruit d’une débutante en politique. A l’obsession manœuvrière et machiavélique et au caractère racé d’une «belle amie» comme Rachida répond à la candeur naturelle de Nora. 
Tout les différencie, jusqu’à leur look vestimentaire. Tandis que l’une accrochait à sa bandoulière les noms des grands couturiers parisiens et squattait par son élégance la Une des magazines, l’autre donne la plate impression de sortir  directement d’un catalogue de la Redoute. Il est vrai que Nora Berra n’occupe pas un poste aussi exposé que celui de garde des Sceaux ministre de la Justice. Un obscur secrétariat d’Etat aux Aînés lié à  Xavier Darcos, ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville, situé au trente-sixième rang dans l’ordre protocolaire du gouvernement, ne garantie pas une grande visibilité. Mais les paris sont déjà lancés que Nora Berra ne restera pas longtemps dans cet anonymat gouvernemental. Les nombreuses vidéos diffusées actuellement sur la toile révèlent un énorme potentiel de gaffes et de bourdes qui va s’épanouir avec l’exercice  de la fonction.
Avec l’arrivée de Nora Berra au gouvernement, alors que le nom de la Franco-Marocaine, Fatine Layt, circulait aussi dans le microcosme, Nicolas Sarkozy voulait signifier qu’il comptait continuer à investir dans la diversité. Le Premier ministre François Fillon résumait la pensée présidentielle de cette manière : «Ce que nous avons cherché à faire avec le président de la République, c’est à poursuivre l’effort de représentation de la diversité de la société française en allant chercher des compétences comme celle de Frédéric Mitterrand, un grand professionnel de la culture (ou)  Nora Berra». La diversité ! Nora Berra a sa propre idée sur le sujet. Quand elle a été interrogée de savoir si elle incarnait «le nouveau visage de la diversité», Nora Berra donne un avant-goût de ce qui attend les caricaturistes et les commentateurs politiques : «c’est tout ce que vous voyez, la diversité? (…) La France est diverse, on ne peut que se réjouir que le gouvernement soit à l’image de la population (…) Maintenant par rapport à la mission qui m’est confiée, je pense que ce qui a le plus intéressé, c’est mon profil professionnel». «Une médecin au chevet du troisième âge», tel pourrait être l’intitulé de cette opération de « diversité » nommée Nora Berra qui vient s’ajouter à ce qui a déjà été conservé de l’ancien gouvernement comme Fadéla Amara à la Banlieue et Rama Yade aux Sports.  Et pourtant, l’éclat de la diversité, tel que le gouvernement de Nicolas Sarkozy l’avait claironné sur tous les toits, semble avoir perdu de son éclat. Lots de consolation de cette déperdition, la confirmation a travers l’ascension d’une femme comme Nora Berra, que l’ascenseur social à la française marche toujours.

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