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Otages français : La polémique enfle

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Didier Julia, le député UMP qui avait mené une mission visant la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, ne sait plus où donner de la tête. À peine l’affaire des deux ex-otages dénouée, il a dû essuyer une avalanche de reproches et de menaces faisant état de son éventuelle exclusion. «Je suis scandalisé par le comportement de la personne que vous citez, c’est jouer contre la vie de deux compatriotes, ça ne mérite que le mépris», ainsi s’est exprimé Georges Malbrunot, l’un des deux journalistes libérés, une demi-heure à peine après avoir foulé le sol français. «Il y a des gens qui n’ont pas fait preuve de responsabilité ni d’esprit civique. ( ) Il faudra en effet qu’ils répondent à des questions qui sont posées. Il faudra obtenir des réponses », s’est exclamé Michel Barnier, ministre UMP des Affaires étrangères, sur France Inter, selon des déclarations reprises par Reuters.
La déclaration du ministre des AE français intervient à un moment où, jeudi dernier, plusieurs personnalités de la majorité ont arrosé Didier Julia d’une suite d’accusations, allant jusqu’à le menacer d’exclusion du groupe UMP de l’Assemblée et d’entamer une série de procédures à son encontre. «Faux !» rétorque violemment Didier Julia, s’en prenant avec beaucoup de virulence à Michel Barnier. «Ce n’est pas parce que nous avons un ministre complètement nul qui veut couvrir son incompétence en me prenant comme bouc émissaire que je n’aurais plus confiance et dans mon mandat et dans ce que je fais», a répliqué le député UMP. Mais que reproche-t-on au juste à celui que l’on nous avait présenté comme «un expert libérateur»? On reproche à Didier Julia d’avoir, tout simplement, menti au sujet de plusieurs volets de l’opération infructueuse qu’il avait menée.
Info ou intox ? Difficile de le savoir, du moins pas avant un bon bout de temps. Mais Didier Julia est bel et bien accablé par le témoignage des deux journalistes. Un retour en arrière est nécessaire pour saisir les tenants et aboutissants de cette histoire. Didier Julia est présenté comme proche d’un groupe de pression pro-irakien, en France, sous Saddam Hussein. Après avoir pris la tête, en septembre dernier, de la mission de libération des deux journalistes, il bénéficiera de l’aide d’un ancien militaire, Philippe Brett, ainsi que d’un certain Pierre-Girard Hautbout. «Fin septembre, les trois hommes avaient affirmé avoir rencontré les otages en Irak. Philippe Brett avait même dit être en leur compagnie en direct sur une radio, le 1er octobre», rapportent les agences de presse.
Le 29 septembre, Pierre-Girard Hautbout déclarait : «Pour le moment, tout est prêt. Pour vous donner une petite image, tout le monde est dans la voiture, les valises sur le toit, nous attendons plus que la sécurisation de la route». Cependant, il semble que c’était trop beau pour être vrai, car la mission capota à cause, selon les dires de Didier Julia, d’une intervention de l’armée américaine. Ce qui allait s’avérer surprenant, c’est le démenti catégorique de cette version des faits. Un démenti d’autant lourd de significations qu’il émane des deux journalistes, eux-mêmes, qui affirment ne jamais avoir croisé du regard Philippe Brett. Il semblerait, également, que Philippe Brett n’a jamais mis les pieds en Irak. Cela dit, Didier Julia ne compte pas se laisser bouffer de la sorte et sollicite la mise en place d’une commission d’enquête, une «commission spéciale», comme il dit, à même de faire la lumière sur ces événements qui ont surgi de nulle part. Le député UMP a même parlé «d’occasions ratées» pour libérer les deux ex-otages.
À prendre ses propos au sérieux, un fermier qui détenait Christian Chesnot et Georges Malbrunot aurait contacté à deux reprises l’ambassade de France, quelques jours à peine après leur enlèvement, proposant ainsi leur libération contre 1.000 dollars et trois téléphones portables. Un peu fantaisiste comme réplique mais, sait-on jamais, mieux vaut attendre que toute la lumière soit faite sur ce qui était une «simple» affaire d’otages et qui risque, apparemment, de devenir une affaire d’Etat.

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