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Paris accueille un ministre «non-Hamas»

Ziad Abu Amr, ministre palestinien des Affaires étrangères, a choisi Paris pour y déployer la première tentative d’envergure internationale du gouvernement d’union nationale palestinien de convaincre la communauté internationale de lever le blocus économique et politique sur l’Autorité palestinienne. Elle survient après le sommet historique de Riyad au cours duquel les Arabes ont choisi et ratifié la normalisation de relations avec Israël comme option stratégique et ce , sur le sol d’un pays qui avait adroitement parrainé l’historique «gentlemen agreement» plus connue sous le nom «d’Accord de la Mecque» entre factions palestiniennes. Parrainage survenu à temps alors que les accrochages entre milices armées menaçaient de dégénérer en une guerre civile ouverte.
La formation du gouvernement palestinien d’union nationale  se donnait pour objectif, en plus de mettre fin à une tension guerrière entre factions palestiniennes mais aussi de fournir à la communauté internationale un interlocuteur crédible et efficace après les longs mois d’isolement dû à une «notoriété sécuritaire» internationale fort contestable puisque le mouvement Hamas et ses symboles sont, sous l’active impulsion d’Israël, encore catalogués dans les listes d’organisations terroriste de Bruxelles et de Washington. Ziad Abu Amr, ce quinquagénaire titulaire d’un PhD en sciences politiques de l’université de Georgetown, a été professeur à l’université de Beir Zeit à Ramallah avant d’occuper d’éminentes fonctions  au sein du conseil législatif palestinien, est un ministre qui appartient à la catégorie des «non-Hamas» que l’Europe et dans une moindre mesure l’Administration américaine se sont autorisés à fréquenter.
C’est non sans un grincement de dents que les responsables palestiniens fustigent  l’ambiguïté de nombreux pays européens à l’égard du nouvel exécutif palestinien comme le montre la frustration contenue de Ziad Abu Amr: «Nous saluons l’appui de la France au gouvernement d’union nationale mais nous refusons toute discrimination entre les ministres de ce gouvernement» avant de s’interroger «Comment déclarer soutenir la formation d’un gouvernement d’union nationale et ensuite vouloir consacrer la division en son sein en traitant avec certains de ses membres et pas avec d’autres ?»
Le Paris politique et diplomatique que visite le ministre palestinien des Affaires étrangères   n’a pas réellement la tête aux chaudes arcanes du Moyen-Orient. Son attention est totalement monopolisée par le sprint final d’une campagne présidentielle aux joutes électorales identitaires bien prononcées. Il est vrai que chacun des grands candidats favoris à la magistrature suprême s’est opportunément gardé de ne pas dévier des grandes lignes de   l’héritage du président Chirac sur la scène internationale, tant la justesse et la pertinence des choix diplomatiques du président sortant,  qu’il s’agisse de l’Irak, du Proche-Orient ou du Maghreb ont scellé une unanimité électoralement dangereuse à casser. Il est tout aussi vrai que depuis la formation du gouvernement palestinien d’union nationale, Paris s’est imposé à la tête des capitales européennes qui militent ouvertement pour la reprise des contacts et de l’aide de Bruxelles à l’autorité palestinienne, hypothèse déjà évoquée samedi dernier à Brême, en Allemagne, lors d’une rencontre entre ministres européens des Affaires étrangères.
La mission de Ziad Abu Amr à Paris sera de tenter de convaincre les autorités françaises à participer activement à sortir le gouvernement palestinien de la quarantaine dans laquelle la victoire électorale du Hamas  et le blocus israélien l’ont plongé, il n’en demeure pas moins que la marge de manœuvre des Palestiniens reste limitée. Américains et Européens ne cessent de dire à l’exécutif palestinien que la clef du retour de l’aide internationale et de la réanimation du processus de paix avec Israël passe obligatoirement par l’application par le Hamas de cette fameuse triptyque des trois R «Reconnaître Israël, Renoncer au terrorisme et Ratifier les accords signés par l’autorité palestinienne».  

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