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Périscope : La dimension musulmane de l’Europe

Les partis traditionnels turcs ont enregistré une cuisante défaite lors des élections législatives anticipées de dimanche dernier. Les Islamistes du Parti de la Justice et du Développement en sont les principaux bénéficiaires puisqu’ils disposent de la majorité absolue au Parlement et vont former, seuls, le prochain gouvernement. Ce séisme politique n’a pas seulement balayé les anciennes formations, il a également renvoyé à la retraite anticipée une bonne partie de la classe politique turque.
Tous ceux qui redoutaient cette victoire doivent désormais faire avec et l’intégrer dans leurs calculs politiques. À commencer par l’Europe qui doit dorénavant reconnaître enfin sa propre dimension musulmane, ce qu’elle n’a pas vraiment réussi à faire ni dans les Balkans, ni en Bosnie, ni en Albanie. Mais la grande inconnue reste la grande muette, l’armée : parviendra-t-elle à surmonter ses appréhensions face à un courant qu’elle a toujours combattu au nom d’une laïcité qui arrange bien des choses. Pourra-t-elle maintenir sa maîtrise du jeu politique sans rien renier des ramifications et montages savants mis en place depuis Mostafa Kamal?
Il faut savoir que la Turquie est sous la tutelle d’une armée qui empêche tout contre-pouvoir. L’armée domine le jeu politique et le pays grâce à un judicieux stratagème, qui combine la constitution et le Conseil de sécurité national (MGK), qui contrôle l’essentiel des institutions. Quand vous maîtrisez ces deux leviers, vous n’avez plus besoin de faire un coup d’Etat. Car, le coup d’Etat est permanent et les députés jouent le rôle de figurants sans même en êtres conscients.
Voilà qui relativise la victoire électorale des Islamistes turcs qui sont de toute façon muselés par la Constitution et par le MGK.
Cet aspect putschiste du régime place la Turquie dans une sorte d’Etat d’exception, qui rappelle à plusieurs égards les régimes mis en place par Pinochet, Salazar ou la junte des colonels grecs. L’armée planifie, produit et fait appliquer ses orientations politiques à travers le MGK, où siègent ses officiers supérieurs.
Cette instance ressemble étrangement à un parti politique au pouvoir qui donne son avis sur tous les aspects de la vie quotidienne des Turcs. La question qui se pose à eux aujourd’hui est de savoir si les dernières élections vont changer quelque chose à ce système ou s’il va perdurer.

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