Prudent, Donald Rumsfeld, le secrétaire américain à la défense qui a lancé cette mise en garde. « Ce n’est pas fini (…) il semble que les choses vont bien, en surface », mais « nous entrons dans une période très difficile ». Selon lui, les villes perdues par les Taliban « ne sont pas sûres », parce que des miliciens islamistes peuvent s’y cacher ou que les déserteurs peuvent à nouveau retourner leur veste. Et d’ajouter que la victoire en Afghanistan « prendra du temps » et que « ce sera difficile, dangereux (…) ». En d’autres termes, il y aura des morts. Et c’est à quoi Rumsfeld semble vouloir préparer l’opinion publique américaine. Celle-ci s’était longtemps gargarisée de l’option « zéro mort » chère au secrétaire d’Etat Colin Powell. Cette prudence tranche quelque peu avec la satisfaction affichée par le commandement central américain, où le général Tommy Franks dirige les opérations depuis Tampa, en Floride. Une satisfaction « boostée » par la déroute généralisée des Taliban dans la majeure partie du pays et l’arrivée des Marines depuis dimanche dans le Sud. L’Amérique souffle le chaud et le froid.