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Pourquoi Le Roi Abdallah a séché Alger

© D.R

Le président George Bush a reçu, à Washington, le Roi Abdallah de Jordanie. Il doit recevoir le président Moubarak d’Egypte, puis avant la fin de ce mois de mars le président Mahmoud Abbas de l’Autorité palestinienne. Il a fixé au 11 avril la visite au Texas d’Ariel Sharon, président du Conseil israélien. Celui-ci est retenu dans son pays, par les difficultés du vote de son budget pour l’année 2005, qu’il doit obtenir, au plus tard le 31 mars prochain, s’il veut éviter la dissolution du Parlement israélien et de nouvelles élections législatives, dont il est loin d’être sûr des résultats.
Lors de sa visite à George Bush, le Roi Abdallah a mis au point sa position et celles des pays arabes modérés concernant la situation, éventuelle, du conflit israélo-palestinien, à l’occasion du sommet de la Ligue arabe qui se tient les 22 et 23 mars 2005 à Alger. Il a certainement discuté avec le président américain de l’évolution du problème irakien après les dernières élections législatives ainsi que les réformes auxquelles s’attend le président Bush dans le monde arabe : « Le Grand Moyen-Orient».
Concernant le conflit israélo-palestinien, le Roi Abdallah est revenu de Washington avec « une solution possible », exprimée par son ministre des Affaires étrangères à l’occasion de la préparation du  Sommet arabe d’Alger. Il s’agit, selon le ministre, d’une véritable proposition de paix et de normalisation des relations des Etats arabes avec Israël « avant même la signature d’un accord de paix avec les Palestiniens pour, ainsi, en favoriser et en hâter la signature ». Cette définition du représentant jordanien, veut rappeler l’initiative dite « de la paix arabe », qui avait été adoptée au précédent Sommet de Beyrouth, en 2002.
Les représentants de la Jordanie ont suggéré des amendements à cette initiative, en proposant, lors de la réunion préparatoire à Alger, la semaine dernière : un appel au retrait israélien des frontières d’avant 1967, avec la volonté d’assouplissement de ces frontières entre les deux Etats, d’Israël et de Palestine. De même un allègement dans l’expression de la question du « droit au retour » des réfugiés palestiniens. Le Roi Abdallah s’est même dit, devant la télévision israélienne, « surpris que l’initiative de paix arabe ne donne pas lieu à un débat en Israël. Cela nous contraint, a ajouté le Roi de Jordanie, à mieux expliquer (aux Israéliens), sa nature  et sa portée, après son amendement prévisible à Alger”. A la veille de ce Sommet, il semblait que 13 des 22 pays membres de la Ligue arabe seraient en faveur de la proposition jordanienne.
Cette éventualité aurait provoqué la menace de plusieurs chefs d’Etats, tout en mettant en doute l’adoption et la légitimité de ce projet, de refuser de venir à Alger. D’autant que lors des rencontres préparatoires de la semaine dernière, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a dit que cette initiative de la Jordanie et des « pays arabes modérés », était « une capitulation devant Israël et l’Amérique sans contrepartie. Il s’agit, a affirmé le ministre algérien, d’une normalisation gratuite qui ignore les sujets les plus délicats : Jérusalem, les réfugiés palestiniens, les colonies israéliennes et le retrait du Golan de Syrie et les fermes de Shaaba du Liban ».
En réaction à cette position de l’Algérie, le Roi Abdallah de Jordanie a dû expliquer que sa proposition n’était « au total, qu’une simplification et un éclaircissement de l’initiative de paix présentée par le Prince d’Arabie Saoudite, à Beyrouth en 2002 ». Le Roi Abdallah a encore dit « elle ne porte aucunement atteinte aux intérêts arabes».
Il apparaît, que face à ces déclarations du Roi de Jordanie affirmant représenter « la majorité arabe modérée », les Israéliens semblaient satisfaits. Selon eux, « elle constituerait un pas vers la paix. Car, si la proposition jordanienne est adoptée à Alger, les Israéliens ne pourront l’ignorer ». A cela, la presse israélienne signale que le ministre des Affaires étrangères, Sylvain Shalom, ne cesse d’appeler au téléphone le ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa. En effet, selon la presse israélienne, en fonction des résultats du Sommet arabe d’Alger, le Maroc, comme la Tunisie et des pays du Golfe, pourraient décider de reprendre les relations avec Israël, – suspendues en octobre 2000 -, dès le mois prochain. D’ores et déjà, il apparaît que les ministres des Affaires étrangères arabes, réunis, à nouveau, à Alger, ont décidé, comme le souligne le ministre marocain, Mohamed Benaïssa, « que tous les sujets qui fâchent seront évités ».
En conséquence, disaient les Jordaniens, jusqu’à la veille de la réunion, que le Roi Abdallah « n’a pas encore confirmé sa participation au Sommet d’Alger ». Et lundi dernier, il a informé les Algériens qu’il ne participera pas au Sommet… Tous les modérés attendront, donc, que le président Bush confirme avoir obtenu d’Ariel Sharon de poursuivre sa politique de désengagement, au-delà de la Bande de Gaza. Et, surtout, qu’il aura accepté de démarrer des négociations avec Mahmoud Abbas sur les frontières finales et, en particulier, sur Jérusalem, avant les élections législatives palestiniennes… Ainsi, il faudra attendre la rencontre du président Bush avec Ariel Sharon… le 12 avril prochain.

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