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Presse algérienne : la répression continue

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«Matraquage judiciaire contre les journalistes,» a écrit hier blanc sur noir le quotidien Le Soir d’Algérie après la lourde condamnation de son directeur, Fouad Boughanem par la Cour d’appel d’Oran. En deuxième instance, Fouad Boughanem a écopé d’une peine d’une année de prison avec sursis, assortie de 50 000 dinars algériens (DA) d’amende et de 500000 DA de dommages et intérêts. La Cour d’appel avait confirmé, lundi dernier, le jugement prononcé en première instance, le 19 octobre 2004, commuant néanmoins la peine de prison, qui était d’un an de prison ferme. Le directeur de la publication est poursuivi, selon l’ordonnance de renvoi du juge instructeur, pour la publication d’une information erronée après une plainte déposée par le directeur de la Société de gestion des participations (SGP) Ouest. L’information en question est parue le 28 mars 2004 dans la page «Periscoop» du journal. D’après le Soir d’Algérie, le président de la Société de gestion des participations (SGP) de l’Ouest aurait instruit les responsables des deux unités industrielles publiques implantées dans la région, à savoir PMA et ENIE, d’offrir une semaine de congé payé à l’ensemble des travailleurs et de mettre à leur disposition des bus pour accueillir le président de la République, alors en campagne électorale dans la région pour la présidentielle d’avril 2004. Une partie de cette information a été jugée «erronée» par le président de la SGP de l’Ouest, Abdelsadouk Abdelkader. Car, d’après lui, ces deux unités industrielles ne dépendaient pas de la SGP.  Pour la défense, la sentence ainsi prononcée a la particularité d’être plus lourde que ce que la loi prévoit pour pareil cas. L’avocat de défense, Me Khaled Bourayou s’est dit n’avoir pas compris comment la Cour d’appel condamne son mandant pour «information erronée»  à un an de prison avec sursis. «Je ne comprends pas sur quelle base juridique cette peine a été décidée, de surcroît par la Cour d’appel, censée réexaminer les faits en vue de réparer d’éventuelles erreurs qui auraient été commises lors du jugement en première instance», s’est-il demandé, avant d’ajouter qu’il s’agit d’«une peine qui n’est nullement prévue par la loi». Les articles 296 et 298 du code pénal algérien prévoient, souligne-t-il, six mois de prison ferme comme peine maximale. Ce n’est pas la première fois qu’un journaliste algérien soit condamné à une lourde peine de prison, comme c’est le cas de Fouad Boughanem. Actuellement, quatre journalistes algériens sont sous les verrous. Il s’agit notamment du directeur du Matin, Mohamed Benchicou, emprisonné depuis le 14 juin 2004. Il a été condamné à 2 années de prison ferme. Le correspondant d’El Khabar à Saïda, Larabi, purge lui une peine d’un mois d’emprisonnement. Les deux directeurs des publications Errissala et Iqraa, interpellés il y a une semaine, sont toujours maintenus en détention préventive.

 Bouteflika et les journalistes

Lors de sa campagne électorale d’avril 2004, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, n’a pas caché sa colère envers les journalistes. Une colère si intense qui poussera le président à les comparer à des terroristes.
Il avait déclaré que «le mal que cette presse a fait au pays est comparable à celui des terroristes et nous ne pouvons pas dialoguer avec ceux qui versent de l’huile par la plume assassine». Durant un meeting, Bouteflika est allé jusqu’à remettre en cause le nationalisme de certains journalistes. «Les journalistes de cette presse ne sont pas des nationalistes, s’ils sont des nationalistes alors je ne le suis pas. Je les renie», avait-il martelé.
Depuis que les délits de presse ont été inscrits au code pénal algérien, le temps est devenu très serré pour les journalistes algériens qui, depuis, subissent une répression qui ne cesse d’augmenter.
Une chose est sûre, la presse algérienne est en train de vivre l’une des époques les plus sombres de son histoire.

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