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Procès Angers : Le verdict

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Tous les regards se sont tournés cette semaine vers la ville française d’Angers. Dans ce coin paisible s’est déroulé le plus grand procès jamais organisé en France dans une affaire de pédophilie. Soixante-cinq personnes étaient accusées d’agressions sexuelles, de viols et proxénétisme sur 45 enfants âgés de quelques mois à 14 ans entre janvier 1999 et février 2002. Durant cette période, une quinzaine de couples aux revenus modestes auraient accepté, en échange de petites sommes d’argent ou de colis alimentaires, de prostituer leurs enfants. Les faits se seraient principalement déroulés dans le logement d’un couple du quartier Saint-Léonard, dans les faubourgs d’Angers, mais aussi dans une quinzaine d’autres endroits.
Après neuf jours de délibéré, la Cour d’assises du Maine-et-Loire a donné son verdict, mercredi dernier. Soixante-deux personnes ont été jugées coupable tandis que 3 furent écquittées.
Des peines allant de 6 mois de prison avec sursis à 30 ans de réclusion -pour trois accusés récidivistes- ont été requises.
Pour rendre ce verdict, le jury a répondu à 1.972 questions concernant la culpabilité des 65 accusés – un cas a été disjoint pour raison de santé. Hormis Me Laurence Charvoz, avocate d’Eric J., qui a qualifié la condamnation de son client de "mort civile et sociale", la plupart des défenseurs se sont montrés satisfaits du verdict, tout en émettant quelques réserves.
Tout au long des quatre mois et demi de débats, les avocats de la défense, qui ont demandé 32 acquittements complets, ont souvent regretté le gigantisme du procès. Ils ont évoqué une crainte d’une "responsabilité collective et d’une culpabilité généralisée". Beaucoup avaient estimé qu’il serait très difficile pour les jurés d’individualiser chaque accusé, et de condamner chacun pour ce qu’il a effectivement fait.
Le président de la Cour d’assises Eric Maréchal et ses assesseurs ainsi que les neuf jurés (5 hommes et 4 femmes) sont depuis le 18 juillet au secret à la caserne de l’Ecole supérieure et d’application du génie d’Angers (ESAG), pour s’accorder sur les 1.972 questions concernant la culpabilité des accusés et rendre un verdict.
Le procès s’est ouvert sous le spectre de la fameuse affaire d’Outreau, où le procès avait tourné à la confusion du système judiciaire. Lors dudit procès, le juge d’instruction a été confronté a des accusations mensongères, mais n’a pas pu les déceler. Il aurait même fait pression pour obtenir témoignages et aveux allant tous dans le sens des accusations. Le juge avait cédé à la pression des médias, des associations de victimes ainsi qu’à l’obsession du réseau pédophile.
Le dossier d’Outreau, dénué de preuves matérielles et fondé sur des déclarations, présentait un nombre de similitudes avec celui d’Angers. La police est remontée au réseau supposé en surveillant en 2001 un homme déjà condamné pour pédophilie. Le dossier s’est ensuite construit sur les mises en cause mutuelles des suspects, mais les preuves matérielles font défaut. Ainsi, les supposés photographies et films pornographiques mettant en scène des mineurs, mentionnés dans plusieurs dépositions, n’ont jamais été découverts lors des perquisitions. Chez les victimes présumées de viols, dans la plupart des cas, aucune trace d’abus sexuel n’a été attestée médicalement.
Face à cette situation, le ministère public a annoncé une réforme de la procédure pénale et du régime des expertises pour éviter un drame similaire de celui d’Outreau.

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