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Que s’est-il passé en Mauritanie ?

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ALM : A quelques heures du coup d’Etat manqué, beaucoup de zones d’ombre continuent de planer sur ce coup de force. Ahmed Khchichen : Ce que l’on sait, c’est que la tête de file des insurgés est un ancien militaire démis de ses fonctions, il y a quelques mois, et, par ailleurs, à sensibilité panarabe et proche du milieu Baâth. Cela donne un éclairage. Il y aurait peut-être quelque chose à voir avec les luttes d’influence qui traversent l’armée et, probablement, aussi des donnes liées au développement même de la Mauritanie ; lesquelles s’exprimaient à travers les arrestations importantes dans les milieux fondamentalistes et nationalistes arabes. S’agit-il alors d’un soulèvement populaire ou d’un simple putsch militaire ? Je pense que ce mouvement est à l’intersection des deux. C’est un mouvement armé qui reprend à son compte le malaise qui règne dans le pays et en fait l’écho. Comment les choses ont évolué? L’élément qui a été déterminant dans l’issue de cette affaire a trait à l’arrivée des troupes stationnées à l’extérieur de la capitale et en particulier dans la région Atar qui est, en fait, le chef-lieu de la tribu du président mauritanien. Hormis cet élément tribal, le coup d’Etat avait-il une connotation sociale ? Ce qui est important à soulever, à cet effet, c’est que le terreau social s’est traduit par une double réaction de la part de la population. D’une part, nous avons assisté au pillage des établissements publics, et de l’autre à la liesse qui semble avoir été l’expression d’une partie de la classe moyenne. Nouakchott est une ville dont la population avoisine un million et demi d’habitants. Sa structure urbanistique est faible et ses déficits sociaux (chômage, manque d’infrastructures, etc..), dus en grande partie aux larges flux migratoires, occasionnés par douze années de sécheresse, se traduisent par l’existence d’une masse de réfugiés économiques, sans toit ni feu. Cela dit, je ne pense pas que le facteur social soit une cause directe de ce qui s’est passé. Car, comme d’autres pays, la Mauritanie a développé des tissus sociaux de solidarité qui amortissent les chocs et les mécontentements. Et qu’en est-il de la gestion politique du pays ? Force est de constater, sur le plan politique, que la question qui s’impose porte essentiellement sur la stratégie du parti du Président Maâouiya Ould Taya, et son système monolithique qui vit sur la récupération des cadres des autres partis et ne laisse aucune place aux courants divergents. L’affaiblissement des espaces d’autonomie vis-à-vis du régime et de l’opposition ont incité celle-ci à se réfugier dans la clandestinité. Sans nul doute, l’un des enseignements du coup d’Etat manqué porte sur la nécessité d’un nouveau réglage politique. Sans verser dans la « fiction politique », la réussite du putsch militaire en Mauritanie, aurait-t-elle eu un impact sur la région du Maghreb, en général, et le Maroc, en particulier ? La réussite du coup d’Etat aurait introduit un élément d’instabilité réelle dans cette région du Maghreb qui ne manque, d’ailleurs, pas de problèmes. En particulier, parce que toutes ses composantes sont concernées par la question du Sahara. Elle aurait, en outre, signifié la remise en cause des accords ratifiés, notamment entre le Maroc et la Mauritanie, sachant que la coopération entre ces deux pays a été relancée depuis deux ans et dont l’une de ses exploits n’est autre que le projet de la route de liaison qui va être financé par le Royaume du Maroc. Est-ce qu’il y a lieu d’évoquer, à votre avis, une quelconque dimension internationale ? Certes, il y a question à se poser sur les protagonistes internationaux. La Mauritanie, comme une bonne partie de la région africaine, est un lieu de confrontation entre les grandes puissances. Bien entendu, jusqu’à présent, il n’y a pas encore d’éléments clairs à ce sujet. Mais, toujours est-il que juste après le coup d ‘Etat, les Américains ont dépêché des Marines à Nouakchott. Néanmoins, il faudrait attendre quelques semaines avant de comprendre les différentes donnes de cette affaire.

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