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Rachida Dati sur la pente de la disgrâce

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Un tourbillon n’attaque jamais seul. Celui qui menace d’emporter la ministre de la Justice, Garde des sceaux Rachida Dati fait partie d’une série de faits malheureux qui indiquent que l’ancienne chouchou de l’Elysée est plus proche de la disgrâce que de la promotion.
L’affaire qui fait grand bruit trouve son origine dans la décision d’un tribunal à Lilles d’annuler un mariage d’un couple originaire du Maghreb au motif que la mariée n’était pas vierge. De l’extrême gauche à l’extrême droite, passant par les partis de l’opposition comme ceux de la majorité, la tonalité est à la critique acerbe d’un tel jugement qui, selon certains, menace les fondements de la république et la laïcité.
En prenant sa défense et en tentant d’en expliquer les ressorts, Rachida Dati se met involontairement dans l’œil du cyclone avec cet argumentaire issu de sa propre expérience qu’elle avait relatée dans son livre «Je vous fais juge» et qui accentue d’avantage sa solitude : «La justice est là pour protéger. Le fait d’annuler un mariage est aussi un moyen de protéger la personne qui souhaite peut-être se défaire du mariage, parce que je pense que cette jeune fille (…) a souhaité également, sans doute, se séparer assez rapidement».
Rachida Dati n’est pas à son premier signe d’isolement. Alors qu’on la disait sur la pente raide de la disgrâce depuis la disparition du radar présidentiel de Cécilia Sarkozy qu’elle appelait, dans un excès oriental, «sa sœur», alors qu’on lui prédisait un destin à la David Martinon exilé aux Amériques pour cause d’incompétence et de proximité excessive avec l’ancienne et éphémère première dame de France, le véritable coup de tonnerre sonna récemment pour Rachida Dati. La déflagration eut lieu lorsque, dans son bras de fer avec son premier ministre François Fillon, Nicolas Sarkozy constitua son «Task Force», un groupe de sept ministres politiques chargés de le défendre, d’expliquer et d’appliquer sa stratégie. Ces ministres sont Xavier Bertrand (Travail), Laurent Wauquiez (Emploi), Brice Hortefeux (Immigration), Xavier Darcos (Education nationale), Eric Woerth (Budget), Luc Chatel (Consommation) et Nadine Morano (Famille).
Le sang de Rachida Dati ne fait qu’un tour lorsqu’elle découvre qu’elle ne fait plus partie de cette garde rapprochée, elle qui n’a jamais quitté la photo présidentielle depuis le début de son aventure gouvernementale. Le sentiment d’abandon devient insupportable au vu des relations glaciales qu’elle entretient depuis le début avec le chef de gouvernement François Fillon.Le second signe de la disgrâce fut quand elle a été privée d’Assemblée nationale pour défendre le projet de loi de révision constitutionnelle. François Fillon en personne a dû monter au créneau. De nombreux médias se sont fait un malin plaisir de répercuter le conseil très perfide qu’Edouard Balladur aurait donné à Nicolas Sarkozy : «Ne l’envoyer pas au front, elle est nulle». Malmenée par l’opposition dans les explications hasardeuses qu’elle avait fournies pendant les débats, Rachida Dati ne fut pas loin de réaliser cette prophétie balladurienne.
Depuis de longs mois , Rachida Dati a régulièrement les honneurs de l’actualité sur au moins deux sujets qui ont fini par lui tresser une réputation d’incompétence et de légèreté. Le premier est l’hémorragie de son cabinet avec les démissions et les départs multiples de ses proches collaborateurs, le second est son amour vorace et sa consommation excessive des robes Dior et l’univers people et jet-set très peu compatible avec la dignité que doit revêtir la fonction de Garde des sceaux, au point de la présenter moins comme une ministre sérieuse qu’une « Fashion victime » délurée.
Rachida Dati, qui est aussi maire du VIIème arrondissement de Paris, aura une occasion supplémentaire de tester le soutien de Nicolas Sarkozy lorsque ce dernier aura à choisir et à proposer la personnalité qui présidera l’automne prochain la puissante fédération de l’UMP de Paris. Dans ce combat qui s’annonce éreintant, Rachida Dati affronte deux concurrentes de taille en la personne de Christine Lagarde, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi et Françoise de Panafieu ex tête de liste UMP parisienne aux derniers municipales. 

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