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Raffarin s’insurge contre Sarkozy

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Une fronde, une grogne, une rébellion, une insurrection voire une révolte. Il n’y avait pas de mot assez fort pour qualifier l’attitude de l’ancien Premier ministre  de Jacques Chirac, Jean Pierre Raffarin, lorsqu’à la tête d’une vingtaine de sénateurs, il signe une des charges les plus violentes contre la décision de supprimer la taxe professionnelle. Un coup extrêmement dur et une vraie démarche de rupture. Jean Pierre Raffarin et ses sénateurs écrivent: «L’actuelle proposition n’est ni claire ni juste, ni conforme à nos convictions d’élus enracinés (…) La réforme (…) ne peut être votée en l’état».  Et pour cause Nicolas Sarkozy la considère comme le nœud géorgien de son budget de 2010 et une des mesures phares pour pousser les entreprises à créer des emplois et l’opposition et maintenant une partie des sénateurs de la droite la considèrent comme une suppression pure et simple d’une importante manne financière qui garantit l’indépendance et le champ de manœuvres des collectivités locales.  Dans la réalité des faits, Jean Pierre Raffarin n’est pas le premier à menacer de bloquer une reforme jugée importante par le gouvernement de Nicolas Sarkozy. Quand l’ancien Premier ministre Alain Juppé lance cet éruptif commentaire : «C’est se foutre du monde», un autre ancien Premier ministre Edouard Balladur s’est opposé à cette taxe en critiquant le calendrier des réformes : «On ne peut pas faire une véritable réforme fiscale avant de savoir quelles sont les compétences de chacun des niveaux de collectivités territoriales, département, commune, région». La démarche de Jean Pierre Raffarin d’aujourd’hui ne fait pas partie simplement de cette liberté revendiquée des parlementaires et des sénateurs de donner leurs appréciations dans le cadre de la «coproduction législative» chère à un autre rebelle de la droite, le patron du groupe UMP à l’Assemblée, Jean François Copé. Elle fait partie au contraire d’un vrai travail d’opposition auquel une grande partie de la droite se trouve acculée pour faire entendre sa voix et tenter d’empêcher que l’exécutif ne commette trop d’erreurs et provoque un divorce irrémédiable avec sa base électorale. La posture de Jean Pierre Raffarin qui a pris la tête de cette croisade anti taxe professionnelle et qui s’est livré à une critique acide de la méthode de réforme de Nicolas Sarkozy, n’est pas dénuée d’arrière-pensées politiques. L’homme a toute les raisons d’en vouloir au président de la République. Lorsque Jean Pierre Raffarin était dans la course pour la présidence du Sénat, son rêve absolu pour terminer une riche carrière dans les palais de la République, Nicolas Sarkozy avait de manière ostentatoire montré sa préférence pour Gérard Larcher. Jean Pierre Raffarin dut avaler cette couleuvre, se contenter d’un poste de sénateur, dévalorisant pour un ancien premier ministre qui conserve une très haute idée de son ego, et d’une mission épisodique de globe-trotteur politique en direction de l’establishment chinois pour lequel il développe une véritable adoration. L’entourage de Nicolas Sarkozy s’est empressé d’éteindre les feux de la contestation qui menace de balayer le palais de Luxembourg et de le transformer en camp retranché de l’opposition. La stratégie de défense ciselée à la hâte par les communicateurs de l’Elysée  est que les sénateurs avaient besoin d’informations. D’où ce rendez-vous donné dans l’urgence par la ministre de l’Economie Christine Lagarde aux sénateurs pour une plus ample explication du texte. La démarche de Jean Pierre Raffarin se présente comme du pain béni pour la gauche qui sait que Nicolas Sarkozy ne peut plus reculer sur la taxe professionnelle sous peine de discréditer l’ensemble de ses projets de réformes. C’est pour cette raison qu’elle joint sa voix à celle des insurgés de l’UMP comme le fait le député socialiste Arnaud Montebourg : «Que le président de la République qui mène une réforme dogmatique et idéologique laisse faire les composantes pragmatiques de sa majorité avec qui nous sommes tombés d’accord».

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