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Saddam défie ses juges

Hier dictateur immunisé par le système qu’il a lui-même mis sur pied, aujourd’hui sans défense, dans le box des accusés Saddam Hussein est en train de vivre les plus terribles moments de sa vie. Lui, dont le simple regard suffisait à pétrifier ses interlocuteurs, se trouve à présent dans une vulnérabilité sans égal, entièrement à la merci d’une justice que l’on espère équitable.
La première apparition de Saddam Hussein, depuis les images montrant sa capture, a eu lieu dans la salle où s’active le Tribunal spécial irakien chargé de le juger. L’Air abattu, mais combatif à la fois, ce sont là les déclarations des rares journalistes qui ont assisté à cette première comparution.
En effet, certaines images de l’audition montrent un Sadam Hussein désemparé, anéanti. Sur d’autres, l’homme affiche un air agressif, certainement en train de contester telle ou telle chose. D’autres photos montrent un personnage plutôt serein, calme, le visage tracé d’une barbe grisonnante, accoudé sur la main droite.
Onze responsables devaient comparaître le même jour, parmi lesquels on recense Abdel Hamid Mahmoud, secrétaire de Saddam Hussein, Ali Hassan Al-Majid connu sous le sobriquet de « Ali le Chimique », conseiller présidentiel et cousin de Saddam Hussein, ainsi que le vice-président Taha Yassine Ramadan et Tarek Aziz, ancien vice-Premier ministre.
«Mascarade», « théâtre », ainsi le mis en cause a qualifié la juridiction qui s’attelle à le faire payer pour ses crimes. « Je suis le président de la République irakienne, je suis irakien (…) George Bush est le véritable criminel», a-t-il lancé à l’intention de la Cour, refusant ainsi de signer les documents mentionnant les charges retenues contre lui. «Permettez-moi de ne pas signer sans la présence d’un avocat», a-t-il lancé au juge qui tentait de le convaincre de signer, invoquant à cet effet les garanties que lui confère la Constitution irakienne.
Un acte d’accusation comprenant, notamment, assassinats et torture durant 35 années de règne, en plus de crimes contre l’humanité, référence à l’usage d’armes chimiques pour le gazage de la population kurde, l’invasion du Koweït, la guerre contre l’Iran, l’écrasement de l’insurrection chiite dans le sud irakien en 1991 et le meurtre de dignitaires religieux chiites et de chefs de partis politiques.
Se prononçant sur l’annexion du Koweït, Saddam Hussein a justifié l’invasion du pays frontalier par le fait que c’est un «territoire irakien». «Comment pouvez-vous défendre ces chiens qui allaient faire des Irakiennes des prostituées pour dix dinars !», a-t-il martelé à l’intention du juge. Ce procès qui promet d’être long et qu’on pourrait qualifier, à juste titre, de jugement du siècle, a été préparé dans le grand secret. Aussi, tout comme le transfert du pouvoir à l’Autorité irakienne intervint soudainement, cette première comparution n’était pas attendue, du moins pas pour le moment.
Parallèlement, le jour où Saddam Hussein fut remis aux siens, le pouvoir en place, qui n’avait que deux jours d’existence, s’est vite empressé de rétablir la peine de mort. En quatre jours, l’on a assisté à une série d’événements et de mesures qui se sont opérés avec une précipitation frappante. Il semble que tout était planifié à l’avance et il ne fallait que la mise en branle du dispositif. Autant de lapsus qui discréditent la thèse d’une indépendance proprement dite de la nouvelle autorité.
La remise à jour de la peine de mort, notamment, est perçue comme une manoeuvre destinée à sceller le sort de Saddam Hussein. Car, comme l’a souligné Mohamed Rachdan, l’avocat jordanien qui coordonne le collectif des défenseurs de l’ancien président irakien, le procès de Saddam Hussein doit être liquidé.
«Ils ont peur de faire éclater la vérité, parce qu’un procès équitable serait accablant pour Bush», avait indiqué Mohamed Rachdan. Même son de cloche du côté du bloque défensif constitué par la femme de Saddam Hussein. L’ensemble des avocats, qui auraient reçu des menaces émanant de responsables irakiens, conteste la légitimité du Tribunal spécial irakien. « Ce sera un tribunal de la vengeance et des règlements de comptes », a déclaré le Français Emmanuel Ludot.

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