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Sale temps pour l’Europe

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Après la France, c’est le tour des Pays-Bas de dire non à la constitution européenne plongeant l’union dans la plus grave crise de son histoire. Durant le référendum néerlandais, tenu mercredi 1er juin, le non a remporté une victoire écrasante récoltant 61,6% des voix. Ainsi, les Pays-Bas infligent un nouveau coup qui peut-être fatal à la constitution européenne.
Après l’annonce des résultats, le Premier ministre néerlandais, Jan Peter Balkenende, s’est dit "très déçu". Cependant, il a promis de respecter la volonté de ses concitoyens d’autant que le taux de participation s’est élevé à 62,8%, selon ces résultats collationnés par l’agence de presse ANP avec les chiffres des bureaux de vote. Les résultats officiels ne devaient être publiés que lundi. Le taux de participation est donc de près de 24 points supérieur à celui des élections européennes de juin 2004, attestant de la mobilisation des quelque 11,6 millions de Néerlandais.
Après l’annonce des résultats, l’heure était à la gaieté pour le camp du non. À Amsterdam, de 200 à 300 militants du Parti socialiste (SP), une petite formation très à gauche, ont sauté de joie, s’étreignant et criant leur satisfaction à l’annonce des résultats. «Nous nous réjouissons que les Néerlandais n’aient pas plié devant l’épouvantail brandi par le gouvernement», a dit pour sa part Mat Herben, député de la Liste Pim Fortuyn (LPF, populiste, opposition). Ce parti est l’un des plus fervents militants du non. Le camp hétéroclite du non rassemble les protestants les plus rigoristes, la LPF, le Parti socialiste, et le député d’extrême droite Geert Wilders, soit seulement 22 des 150 sièges du parlement.
Et comme en France, pour les partisans du oui, l’heure était à l’autocritique et aux moyens de combler le "gouffre" entre la population et la classe politique, majoritairement favorable à la Constitution. «Le non est un signal aux politiques pour dire : arrêtez-vous et écoutez-nous», a déclaré Maurice de Hond, directeur d’un des principaux instituts de sondage des Pays-Bas. Selon les sondages, les Néerlandais redoutent une dissolution de leur petit pays dans l’Europe élargie, et une intervention de Bruxelles sur des dossiers comme la politique libérale en matière de drogues douces, le mariage ouvert aux homosexuels ou l’euthanasie autorisée sous conditions.
Ils voient une preuve de la malhonnêteté des politiques dans l’aveu de l’ancien directeur de la Banque centrale néerlandaise selon lequel le florin avait été sous évalué par rapport au deutschemark lors du passage à l’euro. Parmi les autres raisons du non figurent la crainte de l’étranger et une possible adhésion de la Turquie. «J’ai voté non car je n’ai pas confiance dans le gouvernement», déclarait un retraité de 65 ans dans un bureau de vote du centre d’Amsterdam. Il se disait aussi mécontent de l’élargissement de l’UE à 25 pays, refusant notamment «les Polonais, à 98% très catholiques et superstitieux».
Toutefois, le non ne fera pas tomber le gouvernement de la Haye. En effet, quelque 80% des élus soutenaient le oui, et c’est le parlement, contre l’avis du gouvernement, qui était à l’origine du référendum.
Malgré le fait que deux pays fondateurs de l’UE rejettent la constitution européenne, la plupart d’entre eux veulent s’accrocher à la poursuite du processus de ratification du traité.
«Il faut constater que l’Europe ne fait plus rêver», a déploré le président en exercice de l’UE, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. «Je reste néanmoins d’avis que le processus doit pouvoir continuer dans les autres pays», a ajouté Juncker, pourtant "inquiet" de l’issue du prochain référendum, le 10 juillet dans son pays. Un avis partagé par le chancelier allemand Gerhard Schröder qui a lui aussi appelé à la continuité du processus de la ratification.
Sans nier que le double non franco-néerlandais constituait un "revers pour l’Europe", le Premier ministre belge Guy Verhofstadt a jugé qu’il ne serait pas correct, à l’égard des autres Etats membres, d’arrêter dès maintenant le processus de ratification.
Enfin, le ministre britannique aux Affaires européennes Douglas Alexander a souligné que le traité constitutionnel avait été "signé par 25 nations" et qu’il ne revenait "pas à l’une de le déclarer mort".
Pendant que la Chine et les Etats-Unis montent en puissance, l’Europe devra déplorer tous ses efforts pour pouvoir continuer à former un bloc pouvant faire face aux contraintes de la globalisation. Arrivera-t-elle à surmonter sa crise ? Ou est-ce le début de la fin de l’UE?…À suivre.

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