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Sarkozy essuie les plâtres d’une «bavure» contre un journaliste

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Ni Nicolas Sarkozy, président de la République, ni Rachida Dati, garde des Sceaux, ministre de la Justice n’avaient besoin en ce moment d’une affaire aussi polémique : l’arrestation musclée aux heures du laitier d’un ancien journaliste du journal «Libération», Vittorio de Filippis, pour une banale plainte pour «diffamation» déposée en 2006 contre le journal par le fournisseur d’accès Internet «Free», Xavier Niel.
Nicolas Sarkozy d’abord parce qu’il sort d’une grande séquence diplomatique qui a vu son aura internationale renforcée, sa cote de popularité redressée et un grand boulevard ouvert devant lui à cause d’un parti socialiste disloqué. Et Rachida Dati parce qu’elle peine à sortir d’une phase où sa gestion, son management, ses compétences sont ouvertement contestés par les magistrats et les avocats.
L’affaire en question fait un grand bruit. Vittorio de Filippis, qui était alors directeur de la publication, raconta avec un luxe de détails les conditions de son interpellation, menotté devant ses enfants, fouille au corps humiliante, + temporaire. Le récit avait provoqué une énorme indignation avec cette interrogation ouvertement exprimée : comment peut-on procéder à l’arrestation d’un journaliste comme s’il s’agissait d’un redoutable criminel ou d’un dangereux terroriste ? Où trouver l’explication d’un tel excès de zèle policier dans une affaire qui aurait exigé un traitement feutré ?
Gênée aux entournures, la majorité présidentielle s’est contentée de demander à ce que «toute la lumière soit faite sur les circonstances» de cette arrestation comme le demande la ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel ou «une enquête» sur les méthodes des policiers jugées «surréalistes» et «disproportionnées» par un des porte-parole de l’UMP, Fréderic Lefebvre.
Et tandis que les différentes associations de journalistes professionnelles ou syndicales conjuguent sur tous les tons leurs indignations et leur dénonciation de ce qu’elles considèrent être comme une grave atteinte à la liberté de la presse, un ancien ministre de la Culture toujours catalogué à gauche, Jack Lang a pris sa plus belle plume pour écrire à la ministre de la Justice, Rachida Dati, avec ce constat et cette interrogation extrêmement violents : «La France est-elle encore un Etat de droit? (…) Depuis trop longtemps, notre pays se déshonore par des actes juridictionnels policiers contraires à la Constitution et aux conventions internationales (…) J’ai honte pour notre pays».
Cette posture vient faire écho aux craintes formulées par le Syndicat national des journalistes qui dénonce la démesure de la manœuvre pour intimider les journalistes. Alors que la CFDT rappelle le bilan récent du traitement réservé à la presse pour le pouvoir politique et judiciaire : «Cette interpellation vient s’ajouter à la tentative de perquisition dans les locaux du Canard Enchaîné, à la très contestée loi sur le secret des sources d’information des journalistes, ou encore aux dix procédures en diffamation récemment engagées par les dirigeants du groupe Caisse d’Epargne contre le site Internet d’informations Mediapart». Certains éditorialistes de la presse française n’hésitent pas à lier ce durcissement dans le traitement des délits de presse et cette « disproportion » entre les méthodes utilisées et les nécessités de l’enquête à la «fâcheuse tendance procédurière du chef de l’Etat». Nicolas Sarkozy est indirectement accusé par ses opposants d’installer un climat qui encourage l’autoritarisme et les méthodes expéditives.
Cette affaire de Vittorio de Filippis a de fortes chances d’envenimer davantage les relations entre le pouvoir politque et les médias déjà echaudées par le grand bouleverssement que s’apprette à vivre la télévsion publique par la suppression annoncée de la publicité et les douloureuses restructurations que cela implique.

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