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Sarkozy et Obama se déchirent sur la Turquie

© D.R

L’image n’est pas si idyllique que les clichés  glorifiant l’instant historique ne le laissent entendre : Une sommet du G20 qui a tenté de remettre sur les rails un système financier en déroute, un soixantième anniversaire de l’Otan qui a scellé dans le marbre et l’acier le rapprochement de la famille occidentale et une rencontre au sommet entre Américains et Européens à Prague qui a fixé le cadre politique des ces retrouvailles.
Tout était là pour que deux hommes, Nicolas Sarkozy et Barack Obama, qui se jaugent par leurs désirs d’irradier le monde de leur activisme et de leur aura, s’entendent à merveille et affiche une image d’unité et de cohérence dans un monde trouble et incertain. Bien avant cette  intense séquence politique, la question était sur toutes les gazettes : «Peuvent-ils s’entendre ?» . Comme si malgré toutes les déclaration d’intentions et de séduction entre Paris et Washington, la mésentente était un atavisme inévitable.
Ce que la nature ne peut éviter arriva. D’accord sur la thérapie d’ensemble pour guérir le système financier, sur l’urgence à traiter sérieusement la crise afghane, cette région qui menace la paix dans le monde, sur l’approche multilatérale à gérer une crise aussi compliquée que le dossier iranien, la nécessité d’adresser des signaux rassurants à la Russie, Barack Obama a fini par étaler le fossé de leur divergence sur un sujet extrêmement sensible en Europe, l’adhésion de la Turquie à l’UE.
Et c’est Barack Obama, répétant la position traditionnelle des Etats-Unis, qui ouvre les hostilités. Le langage choisi ne laisse aucun doute à la volonté de marquer les esprits : «Les Etats-Unis et l’Europe doivent aborder les musulmans comme nos amis, nos voisins et partenaires dans la lutte contre l’injustice, l’intolérance et la violence (..) Evoluer vers l’adhésion de la Turquie à l’UE constituerait un signal important de votre engagement dans ce sens et assurerait que nous continuons à ancrer fermement la Turquie en Europe». Ce à quoi Nicolas Sarkozy avait répondu avec un langage aussi clair et direct : «J’ai toujours été opposé à cette entrée et je le reste. Je crois pouvoir dire qu’une immense majorité des Etats membres (de l’UE) est sur la position de la France (…) La Turquie, c’est un très grand pays allié de l’Europe et allié des Etats-Unis. Elle doit rester un partenaire privilégié, ma position n’a pas changé». Et là où Nicolas Sarkozy y est allé avec la démarche d’un bulldozer, la chancelière allemande avait exprimé presque la même positon mais avec des termes soft : «Je pense qu’un lien étroit avec le monde musulman et en particulier avec la Turquie est pour nous tous une chose intéressante (mais)  nous discutons encore de la forme que cela doit prendre, à savoir celle d’un partenariat privilégié ou d’une adhésion entière».
La Turquie n’a pas fait irruption par hasard dans la polémique entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama. Membre à part entière de l’OTAN, elle avait menacé de bloquer la nomination du Danois Anders Fogh Rasmussen à la tête de l’Alliance, lui reprochant d’avoir mal géré la crise des caricatures dénigrant l’Islam et son refus d’interdire la chaîne de télévision kurde Roj, installée en Danemark et considérée comme la vitrine des rebelles du PKK.
Le bras de fer de Nicolas Sarkozy et de Barack Obama sur la Turquie continue de susciter de nombreux commentaires politiques en France. Entre plaidoyers et réquisitoires. Pour le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino : «L’amitié entre la France et les Etats-Unis, c’est une amitié à égalité de dignité, de droits, de devoirs (…) Jusqu’à preuve du contraire, si l’Europe fait partie de la famille atlantique, en revanche les Etats-Unis ne sont pas membres de l’Union européenne».
Du côté de l’opposition, le député socialiste Vincent Peillon a été un des rares à exprimer une position dont l’argumentaire vaut le détour: «La Turquie a joué un rôle dans les relations entre Israël et les Palestiniens. Elle est en position de négociations à la fois avec l’Irak et l’Iran. Elle intervient dans la question de l’Afghanistan et du Pakistan. Et il faudrait que nous nous privions, sur une conception fausse, l’Europe chrétienne, d’arrimer à nous un jour la Turquie? (…) je trouve que ce propos de Nicolas Sarkozy est irresponsable».

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