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Sarkozy ose le dalaï-lama et provoque l’ire des Chinois

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Cette fois, l’avertissement est suffisamment lourd et inédit pour mériter une attention particulière. La Chine menace de revoir ses relations commerciales avec la France en raison de la rencontre prévue ce samedi en Pologne entre le président français et le chef spirituel des Tibétains, le dalaï-lama. La menace n’est ni voilée ni implicite. Elle est exprimée par un des porte-parole des Affaires étrangères chinoises : «Nous attachons une grande importance à notre partenariat stratégique avec la France aussi bien qu’avec nos liens commerciaux, ces deux points sont liés (…) C’est seulement s’il y a de bonnes relations bilatérales que nous pouvons créer une bonne atmosphère pour nos relations commerciales».
Cette seconde salve de menaces intervient juste après la décision des Chinois d’annuler le sommet qui devait réunir lundi à Lyon les autorités chinoises et l’Union européenne. Geste d’autant plus significatif qu’il révèle l’ampleur de la mauvaise humeur chinoise à l’égard de la présidence française de l’Union européenne. Cette annulation qui avait mis Bruxelles et Paris dans une sorte de désarroi à peine camouflé intervient à un moment où se tenaient à Pékin les deux jours de discussion entre la Chine et les Etats-Unis dans le cadre de leur «Dialogue économique et stratégique (DES) consacré aux grande questions bilatérales». Objet de l’ire chinoise, la rencontre prévue ce samedi entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama à Gdansk, dans le nord de la Pologne, en marge de la cérémonie du 25e anniversaire du Nobel de la paix à Lech Walesa, cérémonie à laquelle doivent participer entre autres l’ex-président sud-africain Frederik de Klerk et l’Argentin Adolfo Perez Esquivel.
Preuve s’il en est que la situation est grave et que les Chinois sur-réagissent à cet événement réside dans le fait que Nicolas Sarkozy ne reçoit pas le dalaï-lama sous les lambris dorés de la république ni sous les projecteurs surexposés de Paris. Cette réaction est portée par une vague chinoise, particulièrement active sur Internet qui appelle à boycotter les produits français pour sanctionner Paris de sa bienveillance à l’égard de la cause tibétaine.
Nicolas Sarkozy, lauréat du Prix du «courage politique» que lui a récemment décerné la revue «Politique internationale», n’est pas à son premier contact politiquement «viril» avec les autorités chinoises. A la veille de la tenue des Jeux olympiques de Pékin, Nicolas Sarkozy avait conditionné sa participation à la cérémonie d’ouverture par la reprise d’un dialogue entre les autorités chinoise et le dalaï-lama. Le président français était à Pékin, le dialogue en question avait repris mais les Chinois avaient réussi à empêcher que le dalaï-lama ne soit reçu à Paris. De cette période, le député européen et icône vivante de Mai 68, Daniel Cohn-Bendit date la genèse de l’erreur française et européenne. Pour lui, Nicolas Sarkozy paie aujourd’hui «le prix fort» pour s’être «mis à genoux «devant les Chinois lors des JO «On fait maintenant comme si c’était un acte de courage extraordinaire d’aller à Gdansk, il ne faut pas exagérer (…) Le problème c’est qu’on a tout faux». Les autorités chinoises semblent avoir une dent particulière contre Nicolas Sarkozy qu’ils veulent absolument empêcher de rencontrer le dalaï-lama. Elles n’avaient pas fait autant de raffut lorsque en septembre 2007, la chancelière allemande Angela Merkel avait rencontré le chef spirituel des Tibétains. Elles avaient observé un silence d’ascète lorsque fin mai le Premier ministre britannique, Gordon Brown accorde un entretien au dalaï-lama. Les rencontres de ce dernier avec les responsables américains ne suscitent aucun communiqué réprobateur.
En attendant la rencontre de Gdansk, le dalaï-lama se joue de la mauvaise humeur chinoise. Dans une récente conférence de presse, les allusions au patrimoine culturel et politique français sont claires : «Je dis toujours à mes amis qu’une bonne relation, une relation proche avec un pays énorme comme la Chine est essentielle, et pas seulement pour l’économie; mais en même temps, il y a des principes comme la liberté d’expression, les droits de l’Homme et la démocratie (…) sur lesquels il faut rester ferme».

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