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Sarkozy radicalise à dessein sa vision sécuritaire

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Il ne s’agit ni d’un dérapage inopiné, ni d’une bavure linguistique mais d’une stratégie mûrement réfléchie, patiemment élaborée. Celle qui consiste pour Nicolas Sarkozy à radicaliser son discours sur l’insécurité en faisant un lien aussi direct, aussi mécanique entre grande et petite délinquance et immigration et gens du voyage. Avec cette menace presque inédite, celle de déchoir de leur nationalité française tous les Français naturalisés qui se seraient attaqués aux forces de l’ordre. Plusieurs raisons expliquent cette soudaine poussée de fièvre de Nicolas Sarkozy sur la thématique immigration et insécurité. La première que, dans un conteste de scandales à répétitions et de sinistrose gouvernementale, le sujet se présente comme la seule opportunité pour le président de la République de tenter de reprendre la main après de nombreuses tentatives ratées de sortir du désamour dans lequel sa gouvernance patauge depuis longtemps. La seconde est que la détérioration sécuritaire de ces derniers temps, qui avait vu des bandes criminelles organisées défier ouvertement les symboles et l’autorité de l’Etat, a été généreusement exploitée par l’opposition qui n’y a vu que la sanction du bilan de Nicolas Sarkozy, premier flic de France depuis presque dix ans. Ne pas réagir à ces attaques aurait validé leur pertinence politique et montré Nicolas Sarkozy sous le visage d’un fieffé bonimenteur sur le sujet cardinal qui avait permis son ascension politique, à savoir l’insécurité. La troisième raison est que la pression médiatique issue des scandales autour de l’affaire Woerth-Bettencourt, du nom de ce ministre du Travail, pièce maîtresse du dispositif Sarkozy, impliqué dans une sordide affaire de financement politique sur fond de conflit d’intérêt, devenait intenable. Il fallait ne pas compter uniquement sur la récréation estivale pour baisser la tension, mais trouver une autre voie de délestage pour évacuer la pression. La pompe à rideau de fumée fonctionne à plein régime. La nouveauté cette fois est qu’en établissant un lien presque structurel entre immigration et délinquance, Nicolas Sarkozy a pris le risque de se prendre de plein fouet les critiques les plus dures et les plus inédites jamais adressées à un président de la cinquième République. L’opposition, les associations des droits de l’Homme et une grand partie de la presse ressortent des clichés des années noires de la France sous occupation allemande, accusent Nicolas Sarkozy d’organiser une xénophobie de l’Etat, de dresser une communauté française contre l’autre, de presque allumer «une fitna» nationale, de sortir de son rôle de garant de la cohésion nationale. Que sous l’effet de la colère et de l’indignation, la trait ait été grossi par l’opposition, ne change rien à la nature de la rupture que Nicolas Sarkozy semble introduire dans sa stratégie en donnant cette nette impression d’adopter le lexique et la démarche fantasmée du Front National. Il y a une arrière-pensée politique manifeste dans la nouvelle posture de Nicolas Sarkozy. D’ici la prochaine présidentielle, il veut pourvoir apparaître comme le seul homme politique à pouvoir garantir la sécurité des Français. Cette soudaine poussée de testostérone vise à marquer les esprits et surtout de la distance face à l’angélisme de la gauche. Dans ce cas, les Français n’auront d’autre choix que de lui renouveler leur confiance.

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