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Sarkozy soulève le couvercle de la castration chimique

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Un des irrésistibles charmes du débat politique et social français, c’est qu’il a la faculté de s’enflammer avec une rapidité extraordinaire. Et quand le pays est dirigé par un homme, Nicolas Sarkozy dont le rêve obsessionnel est de «faire bouger les lignes», le mouvement peut facilement s’apparenter à de la bousculade. C’est ce qui vient d’arriver au lendemain d’un macabre fait divers, lorsqu’une joggeuse de 42, Marie-Christine Hodeau fut retrouvée étranglée dans la forêt de Fontainebleau, victime d’un homme, Manuel da Cruz, qui venait de sortir de prison et récidiviste puisqu’il avait déjà été condamné en 2002 à onze ans de prison mais remis en liberté en mars 2007. Cela avait suffi pour que l’étincelle du débat sur la castration chimique prenne feu. Et c’est le député UMP Yves Nicolin qui ouvre le bal en annonçant son intention de déposer une proposition de loi «visant à instaurer la castration chimique pour tout violeur d’un mineur de moins de 13 ans». Le député Nicolin avance un argument censé faire taire toute forme de protestation : «La castration chimique existe et a fait ses preuves dans de nombreux pays du nord de l’UE …». Cela avait suffi pour relancer le débat sur la récidive et les méthodes  de les éviter. Après une photo avec la famille Hodeau dans l’Essonne, Sarkozy avait demandé à son ministre de l’Intérieur de «veiller, au besoin par une modification de notre législation, à une implication plus forte des services de police et de gendarmerie dans la surveillance désormais étroite des condamnés ayant achevé leur peine». Si au sein de la majorité présidentielle, les dissonances existent, la gauche non plus n’échappe pas à la division. François Fillon, Premier ministre et Michelle Alliot-Marie et Brice Hortefeux respectivement ministres de la Justices et de l’Intérieur montrent leurs disponibilités à adopter cette solution radicale pour mettre fin aux récidives, d’autres voix discordantes au sein de la majorité présidentielle font entendre leur différence comme le député UMP, proche de Dominique de Villepin, François Goulard qui appelle à ce que chacun conserve son sang-froid : «Ce genre de sujet ne se traite pas au lendemain d’un drame, aussi épouvantable soit-il. Il doit faire l’objet d’une réflexion approfondie avec les médecins». D’autres voix de la majorité comme celle du président exécutif du Nouveau Centre (NC) n’est pas tendre avec cette démarche : «Le principe d’attenter à l’intégrité physique d’une personne, même condamnée, me paraît choquant». La gauche non plus n’a pas échappé à ces fissures sur l’utilité d’avoir recours à la castration chimique. Au sein même du PS, le fossé est béant. Tandis que le porte-parole du PS Benoit Hamon juge la démanche indécente, Ségolène Royal n’est pas tout choquée par le traitement, avec cette argument: «Tout ce qui va dans le sens d’empêcher les prédateurs sexuels de récidiver doit être proposé». Le débat sur la castration chimique ne s’est pas enflammé par hasard. Il est inscrit dans un contexte électoral où le président Sarkozy se doit de marquer des points sur le terrain de la sécurité, partant du constat qu’il s’agit là d’une des cartes maîtresses de son jeu politique pour séduire les Français. Mais Sarkozy dut affronter deux mauvaises nouvelles produites pas cette stratégie : La première est que sa majorité présidentielle, entre UMP et centristes, entre ministre de droite pure et dure et ceux de l’ouverture, se déchire publiquement sur le sujet  au risque de démagnétiser cette carte. La seconde mauvaise surprise est que l’opposition est aussi divisée sur le sujet et refuse par ces divisions d’être enfermée aux yeux des Français dans le camp des tolérants excessifs et de permissifs irresponsables dans lequel Sarkozy espérait les enfermer.
 

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