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Ségolène et la nuit des longs couteaux

© D.R

Même si le Parti socialiste français est familier des déchirements spectaculaires et des luttes fratricides, les fractures qu’il vit au lendemain de ces présidentielles ont de fortes chances d’être les plus mortelles de son histoire. La défaite fut difficile à cuver. Et sans attendre que le temps électoral ait fait son œuvre, les raisons de la « non victoire» ont été crûment expliquées par Ségolène Royal elle-même : «A droite, la discipline a été sans faille. De mon côté, tous les matins, en ouvrant le journal, je me demandais quel était le socialiste qui allait porter une critique sur ce que je disais, parfois sur des «fondamentaux» de gauche comme la valeur travail». Avant d’enfoncer le clou : «J’ai toujours subi des critiques si ce n’est des trahisons».
Ce diagnostic de la défaite dénonce publiquement un flagrant déficit de solidarité de la part des partenaires les plus proches. Ceux-là même, mauvais perdants, qui avaient croisé le fer avec elle lors de primaires inédites au PS. Alors que l’ensemble du gotha socialiste s’attendait à un réquisitoire pour juger des « incompétences» de Ségolène, des défaillances de sa campagne et des incuries de sa stratégie, une manière de plomber à jamais son avenir politique, la première dame socialiste a pris tout le monde de court en proposant une idée qui bouleverse l’agenda politique : «Il faut que le candidat ou la candidate soit désigné beaucoup plus tôt, qu’il ne soit pas épuisé dans des querelles et conflits internes». Ce simple énoncé, en forme de diagnostic du présent et de projection vers le futur, a suffi pour enflammer les esprits. Les langues se sont déliées portant les critiques les plus acerbes. «Vraiment, c’est une question qui me paraît sans intérêt», avait lâché, goguenard Dominique Strauss-Kahn, l’homme qui se porte en concurrent potentiel de Ségolène Royal pour la reprise en main de la rénovation du Parti socialiste. DSK était pressenti comme le locataire de Matignon en cas de victoire des socialistes.
La stratégie de Ségolène Royal au lendemain de sa défaite face au candidat de la droite, semble revenir à des fondamentaux de la vie politique française. La route de l’Elysée passe par le verrouillage parfait d’un parti politique, transformé à l’occasion en machine de guerre électorale, fidèle, solidaire comme l’a si bien réussi Nicolas Sarkozy avec l’UMP. Les élections législatives de juin prochain seront un test majeur de cette possible reprise en main. Du score réalisé pour empêcher le tsunami Sarkozy de submerger l’Assemblée nationale dépendent le degré et la profondeur de recomposition que la gauche en général et le Parti socialiste en particulier auront à subir. Pour l’instant la campagne du PS pour ces législatives semble prendre quelques distances avec le «Pacte présidentiel» de Ségolène Royal et verse dans une sobriété traditionnelle. Son slogan «La gauche qui agit, la gauche qui protège» invite à un retour vers les fondamentaux de la gauche et la défense des acquis sociaux.
Mais la conquête la plus dure pour Ségolène Royal, qui pense déjà aux présidentielles de 2012, concernera le poste vital tant envié du premier secrétaire du Parti socialiste. Cette fonction présente l’originalité d’être occupée en ce moment par François Hollande, son compagnon et père de ses quatre enfants. La volonté de Ségolène de s’emparer, à terme, de ce poste stratégique nourrira sans aucun doute la polémique qu’a provoqué un livre signé de deux journalistes du journal «Le Monde», Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué intitulé «La femme fatale» aux éditions Albin Michel.
Le livre, qui a suscité l’ire du couple Hollande-Royal au point de porter plainte contre l’éditeur, revient longuement sur les relations houleuses au sein du couple avant le choix décisif. Voici comment le livre parle de Julien Dray, un ami de la famille : «Le député, l’ami du couple passé avec armes et bagages dans le camp Royal, s’en va expliquer discrètement aux journalistes, avec des airs de conspirateur et un ton de conseiller conjugal, que la crise est désormais ouverte entre Royal et Hollande». «Ségolène tient une grenade dégoupillée à la main, assure-t-il . Elle lui a dit : «Si tu vas chercher Jospin pour me faire barrage, tu ne reverras jamais tes enfants !».

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