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Show diplomatique à Téhéran

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Cet engagement fait suite à la visite sans précédent des chefs des diplomaties allemande, française et britannique. Joschka Fischer, Dominique de Villepin et Jack Straw ont toues parlé d’un jour important pour la lutte contre la prolifération, pour la stabilité de la région, mais aussi dans les relations entre l’Iran et l’Union européenne. L’engagement iranien est assimilé à un « coup de maître » de la part de ce pays qui fait preuve d’une grande habileté dans la négociation à travers son engagement à observer une transparence totale sur ses activités nucléaires. Téhéran a traité cette affaire avec beaucoup de savoir-faire pour régler la crise, ce que la communauté internationale salue comme positif. C’est un engagement iranien à signer le protocole additionnel que les ministres européens ont négocié à Téhéran. Ils avaient fait comprendre qu’ils ne répondraient pas à l’ouverture des Iraniens, inquiets de la menace de l’isolement international, s’ils n’avaient pas la conviction de revenir en Europe avec des engagements fermes. L’Iran était sous pression depuis des mois poussé, de toutes parts, à la signature du protocole additionnel et permettre à l’AIEA d’inspecter quasiment sans préavis toute installation iranienne. L’Agence avait donné à Téhéran jusqu’au 31 octobre pour le permettre, faute de quoi, il s’exposera à des sanctions internationales. Les Iraniens ont vite compris que leur réaction à l’ultimatum de l’AIEA risquait d’être déterminante pour l’avenir de leur pays. Ils ont donc pris au sérieux les risques d’engrenage qui rappellent curieusement le processus qui a mené à la chute du régime de Saddam Hussein. Ils ont donc cherché à apaiser une situation potentiellement explosive. Les observateurs n’ont pas manqué non plus de relever le ton conciliateur observé par le gouvernement iranien à l’égard des Etats-Unis : « Si l’Amérique adopte une approche pragmatique, nous accueillerons cette démarche. Nous pensons que pour l’instant, les Etats-Unis se sont privés du pouvoir et de l’influence de l’Iran dans la région », déclare un porte-parole du ministère des Affaires étrangères en réponse à une déclaration de Colin Powell publiée par le Washington Post où il annonçait que son administration « ne serait pas loin de relancer des pourparlers, jusque-là considérés comme sensibles, avec la république islamique d’Iran ». N’empêche que la Maison Blanche a prudemment accueilli les engagements de Téhéran. «Si l’Iran signe et applique le protocole additionnel, coopère totalement avec l’AIEA et stoppe ses activités d’enrichissement d’uranium, ce serait un pas positif dans la bonne direction», a déclaré le porte-parole de la présidence américaine. L’AIEA, de son côté, attend de l’Iran une «déclaration complète sur ses activités nucléaires passées et une notification officielle de son engagement à signer le protocole additionnel», a indiqué son Directeur général,Mohamed El-Baradei. Que penser réellement du revirement iranien ? Pour François Géré, Directeur de l’Institut diplomatie et défense (Paris) et spécialiste en physique des armes nucléaires et des engins balistiques, «les Iraniens se sont trouvés face à une date butoir de l’AIEA qui risquait de les exposer à un certain nombre de sanctions diplomatique, économique et même militaire. Ils ont finalement accepté d’apparaître comme un pays qui se conforme à ses engagements internationaux». La question qui s’est posée, était celle de savoir à quel point d’avancement était arrivé le programme nucléaire iranien ? Il semblerait que même les services secrets ne pouvaient probablement pas répondre à cette interrogation. Rien ne dit que l’Iran ne dispose pas d’un programme clandestin et rein ne permet d’exclure l’hypothèse qu’en prenant la décision de signer le protocole additionnel, le régime iranien ne cherche finalement qu’à gagner du temps. Pour le Mossad, qui ne fait pas de référence directe à l’accord scellé à Téhéran, « le programme nucléaire iranien atteindra son point de non-retour d’ici à dix mois. Au-delà de cette période,les moyens diplomatiques internationaux ne pourront plus arrêter ce programme ». À Tel-Aviv, on évoque même la possibilité qu’Israël « se charge de stopper le programme militaire nucléaire iranien si les pressions internationales échouent ». C’est faire le jeu des conservateurs iraniens qui ont recours au jeu de billard à plusieurs bandes qui attendent des réactions violentes américano-israéliennes qui, tel un miracle, permettraient la consolidation de leur régime. Autant, ils craignent une invasion massive américaine, autant ils espèrent des petites provocations qui serviraient d’alibi pour la pression interne et faire taire les réformateurs.

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