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Suicides controversés à Guantanamo

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Deux Saoudiens, âgés de 19 et 22 ans, et un Yéménite, ont été retrouvés samedi 10 juin pendus dans leurs cellules de la prison américaine de Guantanamo. Ce sont les premiers décès de prisonniers signalés par l’armée américaine depuis l’ouverture de ce camp de détention en janvier 2002. Ceci risque de relancer la controverse déjà vive sur cette prison où des individus, suspectés de terrorisme, sont détenus depuis des années sans procès. Washington avance déjà la thèse du suicide. Une thèse qui a été mise en doute par les familles des deux Saoudiens.
"La version américaine présentant le décès des deux Saoudiens et d’un Yéménite à Guantanamo comme un suicide soulève chez nous d’énormes doutes", a déclaré dimanche Kateb al-Chammari, l’avocat des familles des deux ressortissants saoudiens, dans une déclaration à l’AFP. Et d’ajouter : "les autorités pénitentiaires américaines présentes sur la base exercent un contrôle rapproché et continu sur les prisonniers par une surveillance individuelle ou par des caméras opérant 24 heures sur 24".
Les deux Saoudiens sont Manii ben Chamane al-Otaïbi et Yasser Talal al-Zahrani, a précisé un porte-parole du ministère saoudien de l’Intérieur, ajoutant que Ryad avait "commencé les procédures officielles pour rapatrier les corps".
Yasser al-Zahrani, âgé de 22 ans, natif de Médine, a été arrêté à l’âge de 17 ans en Afghanistan. Il faisait parvenir des lettres à ses parents par le biais du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), selon l’avocat.
En revanche, les parents de Manii al-Otaïbi, 19 ans, originaire d’Ad-Dawadami (200 km au nord de Ryad) n’avait reçu qu’une seule lettre de leur fils, acheminée par la poste, a-t-il ajouté. L’avocat estime que les Saoudiens sont morts sous la torture.  "Leur mort témoigne de la torture et des traitements inhumains auxquels sont soumis les prisonniers à Guantanamo", a poursuivi Me Chammari, réclamant la création d’une commission indépendante pour enquêter sur les circonstances du décès.  Il a appelé à "libérer rapidement les prisonniers ou à les faire juger équitablement", indiquant que Ryad cherchait à obtenir le transfert de ses ressortissants détenus à Guantanamo. D’anciens prisonniers koweïtiens de Guantanamo, qui ont connu les deux Saoudiens décédés, ont également écarté la version du suicide.  "J’exclus totalement qu’ils aient pu se suicider (…). C’est impossible", a déclaré Abdallah al-Shimmari, libéré de Guantanamo en novembre avec quatre autres Koweïtiens, ajoutant qu’il avait connu personnellement les deux Saoudiens pour avoir partagé le même quartier. Mohammad al-Dihani, également un ancien détenu de Guantanamo, a déclaré que "bien qu’ils aient été soumis à de sévères tortures physiques et psychologiques, ils n’avaient jamais pensé au suicide".
"Lorsque je les ai vus avant mon départ, leur moral était au plus haut bien qu’ils semblaient affaiblis pour avoir participé à une grève de la faim (…). Je doute fort de l’annonce américaine et je crois qu’il s’agit d’une simple couverture", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, les détenus de la base de Guantanamo ont pour la plupart été arrêtés en Afghanistan à l’automne 2001, lors de la campagne américaine contre les Talibans et leurs alliés du réseau Al-Qaïda . Environ 760 prisonniers sont passés par cette prison, et sur les quelque 460 qui s’y trouvent encore, seuls 10 hommes ont été formellement inculpés et aucun n’a encore été jugé.

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