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Total sème la zizanie au sein du gouvernement de Nicolas Sarkozy

Le groupe pétrolier Total aurait pu se passer d’une publicité aussi ravageuse. Il est, depuis quelques jours, au centre d’une polémique politique d’une grande intensité. Objet du délit : alors que le groupe affiche un bénéfice de près de 14 milliards d’euros en 2008, il annonce en même temps la suppression de 555 postes dans ses activités de pétrochimie et de raffinage en France, le tout sans licenciements secs, en encourageant les départs en préretraite et en suivant une politique de reclassement interne. Cette annonce contradictoire est intervenue au moment où, crise économique et dépression financière obligenyt, les plans sociaux se multiplient au sein de larges secteurs de l’économie française. Des entreprises, voyant leurs carnets de commande fondre à vue d’œil, déposent le bilan ou délocalisent leurs activités vers des cieux plus cléments. Le chiffre des demandeurs d’emploi a battu des records inédits laissant prévoir une année 2009 extrêmement difficile. Une épaisse morosité s’abat sur l’activité économique et désespère le monde politique. Avec tous ces mauvais indicateurs, l’annonce de Total fait scandale et tache d’huile. La première réaction du gouvernement fut conjuguée sur le ton de l’indignation. Le porte-parole du gouvernement a eu des mots assez durs pour qualifier le comportement de Total. Avec un phrasé bien étudié et qui ne laisse rien ni au hasard ni à l’improvisation, Laurent Wauquiez, connu pour sa capacité à peser le poids de chaque mot avant de le prononcer,  fustige Total : «Je trouve ça scandaleux. En cette période de crise, beaucoup d’entreprises sont dans des situations dures, ne font plus de bénéfices, ont des chiffres d’affaires dégradés et font pour autant tous les efforts possibles pour garder leurs salariés, notamment dans les PME (…) Qu’un groupe comme Total, qui fait plusieurs milliards de bénéfices, ne soit pas capable dans cette période d’avoir un comportement exemplaire en termes d’emploi me reste en travers de la gorge». La réaction de deux porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre et Dominique Paillé, avait laissé croire, un moment donné, que la majorité présidentielle sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy a décidé de crucifier Total pour sa communication ratée et ses mauvais choix. Dans leur communiqué, dont la tonalité se confond avec les postions adoptées par la gauche sur le sujet, Lefebvre et Paillé y vont par un verbe tranché : «Cette décision n’est pas acceptable en l’état de la part d’un groupe si fortement ancré dans l’économie française et qui dégage, année après année, de confortables profits, dont des bénéfices record de près de 14 milliards d’euros pour la seule année 2008 (…) Une société comme Total dont le succès repose sur les besoins en produits pétroliers des entreprises et ménages français doit rendre à la collectivité ce que l’économie française lui a apporté».
Et alors que les dirigeants de Total étaient plaqués par le gouvernement et le parti présidentiel sur le banc des accusés, des profiteurs cyniques et ingrats, le Premier ministre François Fillon prend tout le monde à contre-pied et prend la défense du groupe Total: «Je ne fais pas partie de ceux qui se livrent au sport national qui consiste à dénigrer une des plus belles entreprises françaises, une de celles qui investit le plus, une de celles qui crée le plus d’emplois, et une de celles qui rapporte le plus de richesses à la France».
Et depuis cette sortie de François Fillon, la question est sur toutes les lèvres : de quel gouvernement Laurent Wauquiez était le porte-parole quand il s’était dit scandalisé par la démarche de Total? Les patrons de la majorité présidentielle dont ceux de l’UMP ont-ils accordé leurs violons avant de produire ce discours à la fois confus et contradictoire ?
L’affaire Total est venue illustrer, si besoin encore était, le divorce de plus en plus flagrant entre Nicolas Sarkozy et son Premier ministre François Fillon. Malgré leurs efforts émérites de gommer leurs divergences, de donner l’image d’une couple exécutif qui fonctionne en bonne intelligence, les deux hommes ne parviennent plus à travailler dans la cohérence. Le temps du remaniement n’en est que plus proche.

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