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Tunisie : Le gouvernement décrète un couvre-feu nocturne à Tunis

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Le gouvernement a décrété samedi un couvre-feu nocturne à Tunis et dans sa banlieue après des «violences et pillages», signe d’un malaise persistant en Tunisie quatre mois après le renversement du régime autoritaire du président Ben Ali. Dans la journée, la justice tunisienne a prononcé sa première sentence contre un membre de l’ex-famille présidentielle en condamnant Imed Trabelsi, neveu de l’épouse du président déchu en janvier, à deux ans de prison. Le couvre-feu instauré dans la soirée s’applique de 21h00 à 05h00 (22h00 à 06h00 GMT) et est en place pour une durée indéterminée, ont déclaré les ministères de l’Intérieur et de la Défense dans un communiqué cité par la télévision et l’agence TAP. «Le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Défense annoncent qu’un couvre-feu a été décidé avec interdiction de circuler dans Tunis et sa grande banlieue à partir d’aujourd’jui de 21h00 jusqu’à 05h00 en raison des violences et pillages commis dans la banlieue de Tunis vendredi et samedi et surtout dans la nuit de vendredi à samedi», selon le texte. Selon une habitante, des jeunes ont saccagé et pillé un grand magasin d’électroménager, une pharmacie et ont incendié plusieurs véhicules dans la banlieue défavorisée d’Ethadamen, où des manifestations s’étaient déroulées en janvier, avant la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier. Des informations non confirmées font aussi état de violences dans la ville de Gabes, dans le Sud, et à Sidi Bouzid, dans le centre, d’où était parti le mouvement de contestation en décembre. Avenue Bourguiba, dans le centre de Tunis et épicentre de la contestation, aucun véhicule à part quelques voitures de police ne circulait samedi soir. Des barbelés bloquaient les accès au ministère de l’Intérieur, a constaté une journaliste de l’AFP. Des manifestations anti-gouvernementales se sont déroulées chaque jour depuis jeudi à Tunis. Samedi, un rassemblement a réuni plusieurs centaines de personnes avant d’être dispersé au gaz lacrymogène par les forces de l’ordre. Massés devant le ministère de l’Intérieur, les manifestants scandaient des slogans comme «Gaz lacrymogènes et cartouches, les Tunisiens n’ont pas peur», «Peuple tunisien révolte-toi», «ministère de l’Intérieur, ministère terroriste». La veille et l’avant-veille, la police avait violemment dispersé des manifestants qui réclamaient la «démission» du gouvernement transitoire et «une nouvelle révolution». Quinze journalistes couvrant ces événements ont été brutalisés par des policiers, selon le Syndicat national des journalistes tunisiens. Un couvre-feu avait été imposé en Tunisie le 12 janvier alors que la contestation était à son apogée. Il avait été levé sur tout le territoire le 15 février. Parallèlement, un tribunal de Tunis a condamné samedi Imed Trabelsi à deux ans de prison et à 2.000 dinars (environ 1.000 euros) d’amende pour consommation de stupéfiants. Arrêté le 14 janvier, jour de la fuite de l’ancien dirigeant en Arabie Saoudite, Imed Trabelsi est sans doute après l’ex-président Ben Ali et son épouse Leïla l’un des hommes les plus détestés de Tunisie. «Cette condamnation ne va pas calmer le peuple qui réclame justice surtout dans cette période difficile», a commenté un militant des droits de l’homme, Mokhtar Yahyaoui, soulignant l’importance d’«informer les Tunisiens sur les autres implications d’Imed Trabelsi et leur faire comprendre qu’il ne s’agit que d’une première condamnation». Imed Trabelsi avait été poursuivi sans succès en France pour «vols en bande organisée» pour s’être approprié en 2006 le prestigieux yacht de Bruno Roger, l’un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de l’ex-président Jacques Chirac et de l’actuel chef de l’Etat Nicolas Sarkozy. Sa première apparition le 20 avril devant la justice tunisienne, cheveux gominés et costume-cravate, entourés de policiers avait déclenché une vague de haine dans le public.

  Kaouther Larbi et Sonia Bakaric (AFP)

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