Une nouvelle réglementation qui durcit d’un cran la vente d’alcool en Turquie provoque une virulente polémique, les laïcs dénonçant une nouvelle ingérence du gouvernement islamo-conservateur dans la vie privée et les libertés individuelles. La nouvelle législation entrée en vigueur début janvier renforce notamment les conditions de délivrance de licence pour vendre de l’alcool, impose des restrictions à la commercialisation et limite les ventes à certains secteurs bien précis des magasins. Nouveauté controversée: la vente et le service de boissons alcoolisées devient interdite au moins de 24 ans lors de festivals, foires et autres événements publics, alors qu’à l’âge de 18 ans, tout Turc peut acheter de l’alcool dans le commerce ou trinquer en compagnie d’amis au restaurant et dispose du droit de voter ou d’acheter une arme à feu. Récemment un cinéma d’Istanbul a dû renoncer aux apéritifs lors d’une première, faute de licence appropriée, craignant une amende. Babylon, une des boîtes de nuit branchées d’Istanbul, a décidé d’imposer des contrôles d’identité à l’entrée pour les moins de 24 ans si la soirée est sponsorisée par une marque d’alcool. «C’est une perte considérable de prestige au niveau international (…) Nous avons besoin de sponsors pour nos spectacles», a estimé Mehmet Ulug, copropriétaire de l’établissement, cité par la presse. L’autorité de régulation du marché des tabacs et alcools (TAPDK) et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ont justifié ces nouvelles mesures par le souci de «protéger les jeunes» des effets négatifs de l’alcool, argument approuvé par la puissante classe conservatrice turque. Musulman pratiquant, M. Erdogan a affirmé que son parti «ne s’est jamais mêlé du style de vie de personne depuis huit ans», expliquant même que les gens pouvaient «boire à tire-larigot». Les laïcs en colère y voient, eux, une nouvelle offensive du parti gouvernemental de la justice et du développement (AKP).