La décision de la levée de l’interdiction du port du voile dans les établissements publics est entrée en vigueur ce mardi en Turquie, après sa publication dans le bulletin officiel, dans le cadre d’une nouvelle réglementation vestimentaire pour les fonctionnaires qui autorise aussi les hommes à laisser pousser la barbe.
Cette mesure fait partie d’une batterie de réformes annoncées la semaine dernière par le Premier ministre, Tecep Tayyip Erdogan, dites ‘paquet démocratique » visant à renforcer les libertés publiques en Turquie, notamment au profit des différentes minorités du pays.
Elle doit s’appliquer dès à présent dans tous les établissements publics turcs, avec des exceptions toutefois dans l’institution militaire, le corps de la police et le système judiciaire, des secteurs qui prendront des décisions à ce sujet de manière unilatérale.
Le chef du gouvernement voit dans cette levée de l’interdiction du port de voile dans les établissements publics ‘un pas vers la normalisation » en Turquie, alors que ses détracteurs politiques, essentiellement de la gauche laïque, l’accuse de mener un ‘agenda secret » visant à islamiser la société turque en sapant les valeurs de la laïcité instaurées par le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Ataturk.
Une autre mesure des réformes annoncées le 30 septembre dernier par Erdogan dans le cadre du ‘paquet démocratique », est entrée également en vigueur ce mardi après sa publication dans le bulletin officiel. Il s’agit du bannissement du serment d’allégeance qui était obligatoire chaque matin au début des cours dans les écoles turques.
‘Je suis turc, honnête et travailleur. Je suis turc, je suis juste, je suis dur au travail ( ). Mon existence est un cadeau à la vie turque. Heureux celui qui se dit turc », dit ce serment, jugé ‘raciste » notamment par la minorité kurde de Turquie (environ 15 millions de personnes).
L’opposition turque et sa presse ont dénoncé la décision du gouvernement, dirigé par le Parti de la Justice et de Développement (AKP issu de la mouvance islamiste), de renoncer à ce serment, y voyant une atteinte à l »’identité nationale ».