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UE-Turquie : Le «Oui» qui fait des vagues

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La Turquie remplit suffisamment les critères politiques de Copenhague pour commencer les négociations d’adhésion estime la Commission européenne. Une estimation qui résulte des conclusions de ladite Commission sans omettre cependant la possibilité que se réservent les dirigeants européens de suspendre ou d’arrêter ces négociations en cas de dérapage turc !! Il ne suffit donc pas à Ankara de s’engager à se conformer aux règles communautaires tout au long des pourparlers qui dureront certainement de longues années. Les Européens insistent sur un mécanisme de surveillance de l’application de ces fameuses règles. Pour que la Turquie puisse traverser une à une les marches de négociation, elle se doit de mettre effectivement à l’oeuvre les règles en question.
Si les observateurs qualifient l’adhésion de la Turquie en tant que pays musulman comme une révolution pour l’UE, il n’en demeure pas moins que cette adhésion se profile d’ici au moins une dizaine d’années. D’ailleurs le Premier ministre turc Recep Tayyib Erdogan, n’exclut pas lui-même des négociations jusqu’en 2019. Plus encore, la date d’ouverture des pourparlers n’est pas encore fixée. La Commission ne présente aucune recommandation quant à la date d’ouverture de ces pourparlers. Il n’y a pas non plus de proposition de date pour la fin des négociations. Si les recommandations de l’Exécutif bruxellois sont approuvées par les 25 lors de leur sommet de décembre, les négociations pourraient commencer dès le début 2005.
Il ne faut pas non plus oublier que la panoplie de conditions imposée aux Turcs est loin de plaire à Ankara dont le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gul avait récusé lundi toute «condition spéciale». Visiblement ces conditions ont pour objectif d’éviter qu’Ankara ne fasse marche arrière en matière de démocratisation et de droits de l’homme. «C’est un oui qualifié», a déclaré le président de la Commission Romano Prodi. «Il est assorti de toute une série de recommandations pour la supervision et la vérification effective de la situation». Et d’ajouter à l’adresse des Turcs «Nous devons garantir qu’il n’y aura pas de coup d’arrêt ou de régression. (…) Si vous interrompez (les réformes) il y aura une interruption immédiate des négociations.». M. Prodi a estimé toutefois qu’une Union européenne forte «n’a rien à craindre d’une intégration de la Turquie», en présentant mercredi la recommandation de Bruxelles favorable à l’ouverture de négociations d’adhésion avec Ankara. Selon le rapport adopté par la Commission européenne mercredi, l’adhésion de la Roumanie et la Bulgarie dans l’UE reste prévue au 1er janvier 2007. La Commission considère que la Roumanie dispose du statut «d’économie de marché fonctionnelle» dans son rapport sur l’état de préparation de Bucarest à l’adhésion à l’UE. Le Commissaire européen à l’Agriculture Franz Fischler a déclaré pour sa part que « même s’il n’y a plus de raisons pour être fondamentalement opposé au début des pourparlers d’adhésion, il y a des conditions».
L’UE reconnaît tout de même que les «progrès substantiels» qui ont été accomplis ces dernières années par les autorités d’Ankara sur la voie de la démocratie sont «suffisants» pour que les négociations puissent commencer. Il s’agit notamment de la politique de «tolérance-zéro» vis-à-vis de la torture, les droits de femmes et des minorités ainsi que les libertés d’expression et de religion qui se trouvent dans une série de législations adoptées depuis 2001 par le gouvernement islamiste modéré de Tayyib Erdogan. L’adoption récente d’un Code pénal où l’adultère n’est pas criminalisé, comme le voulait une partie du gouvernement, constitue une preuve de plus de la bonne volonté turque. En somme, le débat qui a eu lieu dans la foulée au Parlement européen a permis d’avoir un avant-goût des discussions futures. Les conservateurs, le groupe le plus important à Strasbourg, trouvent que la Commission est allée trop loin. Autrement dit, les périodes de transition seront certainement longues avant que l’ex-empire Ottoman ne bénéficie pleinement des avantages des politiques communes. Cela va sans évoquer le risque que les pays de l’actuelle UE pourront fermer leur marché du travail aux travailleurs turcs en cas de perturbation. Une clause de sauvegarde permanente.

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