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Une campagne envers et contre tout

Vingt-trois partis et 129 listes de candidats indépendants sont entrés en lice jeudi pour les prochaines élections législatives du 30 mai, scrutin qui a pour objectif de renouveler les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) algérienne.
«Les prochaines élections constituent un rendez-vous exceptionnel dans la vie du citoyen et sont de nature à donner au citoyen le droit d’exercer sa souveraineté», avait récemment déclaré le président Bouteflika, lors de la l’installation de la «Commission politique nationale de surveillance des élections», de ses antennes régionales et communales. Depuis, les listes électorales ont été révisées, les dossiers de candidatures étudiés, les encadreurs et les centres et bureaux désignés. Les temps d’antenne accordés à chaque mouvance ont aussi été réglés. Tout semble donc prêt.
Le ministre algérien de l’Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, l’a d’ailleurs encore répété mercredi : «toutes les conditions sont réunies pour un déroulement normal de la campagne électorale pour les législatives». Ce qui ne semble pas être l’avis de nombreux Algériens. Les grèves – la dernière en date s’est déroulée dans l’ensemble de la ville de Tizi-Ouzou ce jeudi -, manifestations et émeutes, tout comme les appels au boycott, n’en finissent plus. Depuis le 12 mars, le mouvement des citoyens reste le fer de lance de la contestation, mais son message – «les Kabyles ne voteront pas» -, a été depuis repris par les deux grands partis implantés dans la région. Le Front des Forces Socialistes et le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie ont eux-mêmes été repris par l’ANR et le MDS. Plusieurs élus du RCD ont même décidé de «se désengager de toute action concernant directement ou indirectement le scrutin du 30 mai», dans une lettre rendue publique jeudi.
Autrement dit, non seulement ils ne présenteront pas, mais ils ne participeront pas non plus à l’organisation des élections. Le Matin souligne que le RCD a été suivi par le FFS: «dans une correspondance au wali de Tizi-Ouzou, le maire (FFS) de la commune d’Azeffoun refuse d’organiser ou de participer aux élections du 30 mai». Du «front anti-vote», Le Matin note que les partis sont ainsi passés au «boycott actif». Un comportement imité par les fonctionnaires des communes eux-mêmes, dont «plusieurs ont déjà pris la décision de ne pas encadrer le scrutin du 30 mai, quitte à perdre leur emploi».
La contestation du vote s’élargit donc chaque jour un peu plus en Kabylie, rendant la tenue du scrutin plus qu’incertaine dans cette région. Un scrutin que le président Bouteflika maintient envers et contre tout et que la presse a du mal à pronostiquer tant la situation est confuse. Car une élection législative sans la Kabylie paraît impossible aux yeux de nombreux Algériens, de même que le déroulement d’un scrutin dans des conditions sécuritaires aussi peu fiables. M. Zerhouni a d’ailleurs souligné mercredi que les récents actes terroristes traduisaient la volonté des groupes armés de «susciter un impact médiatique et un climat de psychose, surtout en cette période d’élections». Un impact médiatique qui pourrait se traduire par un succès électoral des factions islamistes, tant le taux d’abstention s’achemine vers des records.
Sur le terrain, les opérations de ratissage menées par l’armée n’ont nullement empêché les islamistes de tuer, de racketter, et même de tendre des pièges meurtriers aux forces de sécurité. Alors dans quelles conditions, les Algériens pourront-ils se rendre aux urnes dans près de trois semaines ? La question reste pour l’instant en suspens.

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